Les pays européens aggravent de nouveau la crise de l'accueil des réfugiés

Depuis quelques semaines, des gouvernements européens cherchent à construire de nouveaux murs entravant la circulation des migrants et refusant d’accueillir de manière digne les réfugiés et les demandeurs d’asile.

Ce fut l’objet de la récente rencontre entre le ministre de l’Immigration du gouvernement de Boris Johnson et celui de l’Intérieur français. Leur conclusion est sans appel: leur seule préoccupation est de rendre l'accès à la Manche impraticable. Boris Johnson est allé jusqu’à nommer un commandant spécialement chargé du "risque clandestin" sur la Manche!

Par ailleurs, la France et l’Italie concrétisent un accord sur l'établissement de brigades communes de surveillance de leurs frontières. Ce nouveau dispositif se superpose à d'autres alors que cet espace est déjà le plus militarisé de France depuis 2015. Le gouvernement italien continue à bloquer ses ports et à empêcher les ONG de partir pour des opérations de sauvetage en Méditerranée. De surcroît, il vient de décider la fermeture du dernier centre de la Croix Rouge présent à Vintimille.

Tout cela s’ajoute aux démantèlements des «campements» de demandeurs d’asile en Île-de-France sans esquisser la moindre solution pérenne.

En France, les collectivités locales se retrouvent souvent en première ligne, souvent seules, afin d'organiser la solidarité et assurer avec des moyens toujours plus restreints l'accueil, voire l'hébergement. Leur réseau témoigne une nouvelle fois de leur caractère indispensable face aux désengagements de l’État qui dévoie et ne respecte pas ses engagements internationaux.

La France et les pays de l'Union européenne ne peuvent pas continuer à être de «simples spectateurs» des drames qui se jouent en Méditerranée, dans la Manche, en Libye ou ailleurs. L’accès au droit d’asile est bloqué dans beaucoup de pays européens depuis des mois et la crise sanitaire n’est pas la seule responsable.

Il y a une véritable urgence à renouer avec une politique d’accueil et à ouvrir des voies légales de migrations. Les accords indignes passés avec la Turquie, les pressions exercées sur certains pays du Maghreb pour qu'ils établissent des camps de rétention en amont ou bien les sordides négociations nouées avec les gardes-côtes libyens sont inefficaces, source de drames humains.

Il faut en finir avec la politique de criminalisation des migrations pour ouvrir les portes à la liberté de circulation et à l’accueil digne des réfugiés, des demandeurs d’asile, des personnes déplacées…

Le Parti communiste français considère que la France et l’Union européenne doivent entamer au plus vite des discussions pour la régularisation des travailleurs sans papiers, pour promouvoir une politique migratoire qui respecte le droit international, et pour des établir des voies légales et sécurisées de migrations. Il s'agit d'un impératif indispensable pour construire un monde de paix, de progrès social, d’accès aux droits et de liberté pour toutes et tous.

Cécile DUMAS
responsable adjointe du secteur international du PCF
chargée des enjeux migratoires.