Les quartiers populaires ne veulent pas payer la crise !

Les associations de solidarité alertent : le chômage, la perte de revenus, la précarité et la pauvreté jusqu’à la faim touchent des millions de personnes. Un Français sur trois a subi une perte de revenus, 38 % disent avoir connu la pauvreté. Pour une personne seule, le Smic ne permet plus d’échapper à la pauvreté. 29 % n’ont pas les moyens de consommer tous les jours des fruits et légumes. Les demandes de secours alimentaires croissent de manière alarmante. 300 000 personnes sont sans abri. L’école est un autre sujet d’inquiétude puisque 44 % des parents pensent que leur enfant a pris du retard pendant le confinement et 25 % des ouvriers qu’ils auront beaucoup de mal à le rattraper.

Une situation dramatique qui a poussé 150 maires et élus à demander à Emmanuel Macron qu’1 % des 100 milliards du Plan de relance soit sanctuarisé pour les "territoires en décrochage", dont les difficultés sont accentuées par la crise sanitaire et les ponctions gouvernementales sur les finances des collectivités locales.

Ces questions ont été largement abordées dans la récente réunion des secrétaires départementaux et le PCF a décidé de lancer du 5 au 11 décembre une semaine d’action contre le chômage et la pauvreté, pour l’emploi, la dignité et l’égalité républicaine. Le gouvernement doit entendre que ce n’est pas au peuple de payer la crise et prendre les mesures urgentes nécessaires.

Notre dernière réunion de la commission « quartiers populaires » s’est concentrée sur cette semaine d’action. Les participants ont confirmé l’aggravation des conditions de vie des habitants au travers de multiples exemples. En Seine-Saint-Denis la solidarité, à laquelle participent largement les communistes, évite les émeutes de la faim. À Marseille, mêmes difficultés sociales auxquelles s’ajoutent des conditions de scolarité difficiles par manque de personnels pour assurer le protocole sanitaire et du fait du grand nombre d’enseignants non remplacés.

Dans d’autres départements, les camarades s’inquiètent des difficultés à rentrer en contact avec les habitants.

Les communistes sont largement engagés dans la solidarité, mais comment lier la solidarité concrète et la discussion politique ? C’est le cœur du débat.

Des expériences sont avancées. Dans les Bouches-du-Rhône, un tract a été diffusé pour s’opposer au forfait de 18 euros aux urgences. En Mayenne, une pétition pour le droit au RSA des moins de 25 ans est largement signée. En Seine-Saint-Denis, une pétition contre la misère est lancée et elle sera envoyée au Président de la République. Dans le Var, des camarades des quartiers continuent autour d’eux le porte-à-porte et mobilisent avec une pétition pour sécuriser l’emploi, pérenniser l’entreprise industrielle et empêcher 1 200 suppressions d’emplois dans le groupe CNIM. Dans le Rhône, une section organise un rassemblement contre la précarité et la misère et plusieurs se sont unies pour un débat - en visio - sur le thème « Quartiers populaires, la politique à nous de la faire ». Dans cette période où se réunir physiquement est difficile, des expériences de réunion en visio s’organisent avec des points d’écoute collectifs à quelques-uns, permettant à ceux qui n’ont pas d’accès Internet de participer.

Dans les départements où elles ont lieu, les communistes participent nombreux aux manifestations du 5 décembre contre le chômage.

Un point commun à toutes ces expériences, le volontarisme et la ténacité. La semaine d’action, qui peut bien sûr être prolongée, met à disposition un tract et une pétition, des outils qui facilitent la discussion et l’action.

Des mesures d’urgences sont exigées autour des hausses des salaires et minima sociaux, le droit au logement et à l’énergie, le soutien aux collectivités locales, l’emploi et le contrôle des fonds publics, la taxation des profits, l’embauche massive à l’hôpital et à l’école, la sécurisation de l’emploi.

La proposition d’envoyer au Président de la République les pétitions en les déposant dans les préfectures est avancée.

Concernant l’école, l’annonce d’une possible disparition des REP au profit de contrats avec les rectorats sur la base de projets révolte autant qu’elle inquiète. Une première expérimentation est prévue dans trois académies, Lille, Nantes, Aix-Marseille. L’objectif est d’alerter et rassembler contre ces mauvaises mesures avec les parents d’élèves et les enseignants.

La sécurité reste toujours une préoccupation essentielle. La déclaration « Retirer le projet dit de sécurité globale et garantir le droit à la sécurité avec une Police nationale de proximité » est appréciée, le plan d’action attendu avec impatience et un tract sur la question des trafics de stupéfiants sera mis rapidement à disposition.

Marie-Christine Burricand, membre du CEN, responsable aux quartiers populaires.