Les travailleurs.euses essentiels du 93

Lors d’un meeting à Montreuil, mercredi 16 février, Fabien Roussel a, entre autres, rendu hommage aux habitants, aux salariés du département. Extraits.

La Seine-Saint-Denis est un des départements les plus jeunes de France. Quelle chance, quelle force, quelle richesse ! Oui, que vous êtes beaux, belles, et avec une telle rage de vivre, de vivre heureux et de vous faire respecter. Ô combien je suis à vos côtés pour défendre cette envie, ce droit au bonheur, ce droit au respect ! Je le dis avec force, car je sais, ô combien justement, vous n’êtes pas respectés. Ô combien même vous êtes parfois méprisés. Vous, comme vos parents d’ailleurs qui ont bâti ce département, cette région.

Parce qu’ici, la désindustrialisation engagée il y a 50 ans s’est conjuguée avec les renoncements de l’État. Parce qu’ici, les pouvoirs successifs ont laissé se creuser de profondes inégalités sociales et territoriales, dans la région la plus riche de France ! Ils ont cajolé les beaux quartiers de l’ouest parisien et délaissé des villes entières, privées de soutiens, pour répondre aux besoins des habitants. Et pourtant, jamais la Seine-Saint-Denis, jamais ces villes populaires, jeunes, ouvertes au monde ne se sont résignées ! Ni hier, ni aujourd’hui. Car il y a ici, à Montreuil comme à Noisy, à Saint-Denis, à Stains, à La Courneuve, à Sevran ou à Bobigny, des femmes et des hommes qui se battent au quotidien pour résister et innover. Résister.

Vous l’avez déjà fait avec les parlementaires et les élus communistes de Seine-Saint-Denis auprès du gouvernement, ce qui a permis quelques « bougés », modestes mais quand même. Avec les autres élus de gauche, avec les représentants des salariés, des services publics, vous avez révélé cette profonde injustice qui fait que les premiers de corvée, ceux qui ont tenu la France à bout de bras, ont soigné, enseigné, nettoyé, transporté, vivent ici, mais que ce sont aussi ceux qui ont les salaires les plus bas, les emplois les plus précaires, le taux de mortalité au Covid le plus élevé !

Cette inégalité de classe est inacceptable ! Vous n’êtes pas des sous-citoyens. Vous êtes les héros et les héroïnes de la République. Oui, il y a des travailleurs essentiels dans notre pays. Vous, les enseignants, les soignants, les aides à domicile, les agents des transports publics, les agents communaux, les salariés de la propreté, de la sécurité. Vous, les magistrats, les éducateurs, les travailleurs sociaux, les agents de médiation culturelle. Vous, les auxiliaires de vie, les assistantes maternelles, les AESH, les animateurs et animatrices qui travaillez auprès de nos enfants. Vous, les acteurs du monde du sport, les responsables associatifs, qui dans tous les domaines font vivre ce qu’il y a de plus beau dans les villes : les liens humains, la fraternité. Vous êtes essentiels ! Un trader ça ne sert à rien, mais vous, vous êtes indispensables ! Et pourtant, un trader ça gagne beaucoup : 100 à 300 mille euros par an. Et vous, c’est à peine si votre salaire vous permet de vivre dignement. C’est cette France-là que je veux valoriser, soutenir, mettre en avant. (…)

Oui, je crois en l’être humain. Et je fais le pari de l’être humain, de sa générosité, de sa fraternité. Je revendique le droit au bonheur pour tous comme projet de société ! Le droit au bonheur pour toutes et tous ! Car le bonheur, c’est contagieux. Ça se transmet. Pas besoin de vaccin contre ça ! Au contraire, il faut le cultiver. Oui, le droit au bonheur, le droit au respect, à la dignité, indistinctement de notre couleur de peau, de notre origine, de notre religion. Et même, c’est grave d’avoir à le dire, de notre prénom. Oui, ici, nous travaillons ensemble, main dans la main, sans faire de différence. Nous sommes unis, solidaires, car la vie est dure, le capitalisme est dur avec nous tous. Mais ici, nous résistons, car nous nous aimons ! Et c’est le plus beau visage que la France puisse offrir au monde. Alors je reprends ce beau slogan clamé à Montreuil : Nous sommes la France ! Oui, nous sommes la France, et c’est ça la France des jours heureux !

Je veux à cet égard saluer Patrice Bessac et son équipe municipale, saluer tous ces citoyens qui, dans la diversité de leurs opinions, ont décidé que Zemmour, cette petite peste brune, ne viendrait pas s’essuyer les pieds sur la dignité des Montreuillois. Vous avez fait le choix - courageux - de faire vivre les valeurs de cette République démocratique, fraternelle et solidaire à laquelle nous sommes tous tellement attachés. La haine, le racisme et l’antisémitisme ne sont pas des opinions. Ce sont des délits. Des délits qui devraient empêcher leurs auteurs de se présenter aux suffrages des électeurs. C’est le sens de la proposition de résolution que j’avais faite à l’Assemblée nationale, mais que la majorité a décidé de repousser, au prix de bien des calculs politiciens.

Eh bien qu’à cela ne tienne ! Le 10 avril prochain, donnez-vous de la force en donnant de la force à la France des jours heureux, à la France de la fraternité humaine, Pour faire reculer, toujours plus, celle de la haine et de la division ! Oui, à Montreuil, en Seine-Saint-Denis comme dans tout le pays, mettons le cap sur les jours heureux !

Quel lieu plus symbolique que la Seine-Saint-Denis pour évoquer toutes ces fractures, sociales et territoriales, qui abîment et fragilisent la République. Il est temps, pour réparer ce qui a été fracturé, de refonder nos politiques publiques en prenant les choses dans le bon ordre. C’est-à-dire en partant des besoins des populations plutôt que des besoins du capital. (…)

Nous, nous voulons des politiques publiques ambitieuses ! Comme celles menées par les maires et les élus communistes. Regardez ce qu’ils font ici, avec des moyens toujours plus contraints, Patrice Bessac, Olivier Sarrabeyrouse, Gilles Poux, Azzedine Taibi, François Asensi, Abdel Saadi, ou de leurs présidents de conseils généraux comme Robert Clément ou Hervé Bramy à leur époque ! Lorsqu’ils bâtissent des réseaux de crèches, qu’ils font reculer la mortalité périnatale, qu’ils favorisent les transports collectifs avec le remboursement des cartes de transport pour la jeunesse. Lorsqu’ils enlèvent à la spéculation immobilière des milliers d’hectares de terrain pour les aménager et en faire des poumons verts, accessibles à tous et protégeant la biodiversité. Oui, eux, sincèrement, honnêtement, ils travaillent sans relâche à construire une République sociale, protectrice, égalitaire, à laquelle tous les citoyens devraient avoir accès, en Île-de-France comme partout ailleurs !

Voilà l’exemple à suivre. Remettons les services publics au cœur de l’aménagement du territoire et bâtissons avec eux une société d’égalité entre le cœur des métropoles et leurs banlieues, entre les métropoles et cette France rurale qui meurt à petit feu. C’est le sens de la loi de programmation pluriannuelle pour nos banlieues que j’ai annoncée à Grigny, auprès de Philippe Rio, à l’origine de l’appel de Grigny et que je proposerai d’adopter dès le début du quinquennat. Avec un objectif : des droits et des moyens nouveaux pour les communes, tenant compte de leurs réalités et de leurs besoins. »