Mai più fascismi !

La manifestation géante à Rome samedi 16 octobre contre le fascisme a réuni plusieurs dizaines de milliers d’Italiennes et d’Italiens. Cela fait immédiatement suite à l’agression de groupes fascistes, participant à une manifestation anti-vaccins, contre le siège et les militants de la CGIL, le samedi 9 octobre.

Cette attaque contre le principal syndicat italien n’est pas un accident, mais elle relève d’un acte politique et d’une logique politique. C’est s’en prendre au principal pilier du mouvement social italien ; à ceux qui durant la dernière période ont maintenu à bout de bras une gauche italienne politiquement faible et divisée ; à ceux qui sont les héritiers directs des luttes antifascistes et de la résistance italienne. Rappelons que la CGIL fut fondée en juin 1944 par des résistants communistes et socialistes. Son premier secrétaire fut Giuseppe Di Vittorio, militant paysan et communiste. Aujourd’hui, le syndicalisme et le mouvement social restent les principaux piliers de la gauche italienne. Les luttes menées très récemment en défense des droits des travailleurs durant la crise montrèrent leur efficacité et forcèrent le gouvernement à prendre une mesure d’interdiction, certes temporaire, des licenciements.

La manifestation du 16 octobre porte également en elle la résistance du mouvement social et de la gauche italienne contre l’essor et l’importance considérable prise par les partis d’extrême droite et néofascistes. L’intrication de ces derniers avec les bandes néofascistes qui sont à l’origine de l’agression contre la CGIL et d’autres militants de gauche, tels ceux qui interviennent en solidarité avec les migrants, est de notoriété publique. On se souvient que, cet été, un élu d’extrême droite a froidement abattu un migrant, acte qualifié de « légitime défense » par Matteo Salvini, chef de la Lega et ancien ministre de l’Intérieur. Aujourd’hui, la Lega et le parti néofasciste Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni dépassent les 40 % d’intentions de vote. Ce dernier parti est en tête dans les sondages. Ces partis d’extrême droite, dans l’aboutissement d’un processus commencé par Silvio Berlusconi dans les années 1990, sont pleinement intégrés à la droite conservatrice. La coalition de la droite et de l’extrême droite est qualifiée de « centre-droit » dans les dénominations politiques qui s’imposent dans le paysage politique et médiatique. C’est dire à quel point les digues sont tombées. Il ne reste rien du paysage politique et du « cordon sanitaire » érigés après la Libération contre les néo-fascistes. Aujourd’hui, non seulement l’extrême droite est pleinement légitimée par son alliance avec la droite, mais elle a refondé l’ensemble de la droite sur ses propres thèmes. C’est un scénario qui, quand on voit la trumpisation d’une partie de la bourgeoisie française, ouvre des perspectives dramatiques au-delà de l’Italie.

Dans ce contexte, la mobilisation de la gauche italienne, politique, syndicale, émanant des réseaux associatifs et citoyens, est fondamentale. Le PCF en est pleinement solidaire. Reste que la question politique demeure entièrement posée, celle de la reconstruction de la gauche sur des bases de transformation sociale et démocratique. Nos camarades communistes en Italie y ont pleinement leur place. Les évolutions qui se produiront dans la gauche italienne au cours de la prochaine période seront donc déterminantes à la fois pour l’avenir du pays, mais aussi pour l’évolution de la situation politique en Europe.

Vincent Boulet
chargé des questions européennes au PCF
membre de la commission des Relations internationales

 

(phrase possible)

« La mobilisation de la gauche italienne
est fondamentale.
Le PCF en est pleinement solidaire. »