Maroc : Diffamation et répression contre les forces démocratiques

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Une cascade de procédures judiciaires frappe les journalistes et les forces démocratiques au Maroc.

  • Soulaimane Raissouni, journaliste, accusé d’agression sexuelle, qu’il nie. 5 ans ferme. Sa nièce Hajar Raissouni avait été condamnée à 1 an de prison.
  • Imad Stitou, journaliste, 1 an ferme pour la même affaire.
  • Omar Radi, journaliste, accusé d’atteinte à la sécurité intérieure, d’espionnage, de viol qu’il nie. Il risque désormais 10 ans de prison.
  • Taoufik Bouachrine, accusé de viol, qu’il nie. 15 ans de prison.

Tous ont en commun d’être des défenseurs des droits n’hésitant pas à critiquer l’oligarchie et le pouvoir. Ils ont été aux côtés des mouvements sociaux, ont dénoncé la corruption, les expropriations foncières, ont apporté leur soutien aux militants du Hirak du Rif qui croupissent en prison.

Comme le rappelait l’historien Maâti Monjib, lui-même condamné à un an de réclusion : « la période actuelle est la plus autoritaire depuis 30 ans ».

La justice est instrumentalisée par le pouvoir marocain pour museler les voix dissidentes et la presse, y compris la presse internationale, comme nous l’avons vu avec le système d’espionnage Pegasus.

Tous les procès sont entachés d’irrégularités, d’atteintes aux droits de la défense, de violation de la présomption d’innocence.

Mais il y a pire. Le pouvoir marocain a renoncé depuis longtemps aux procès politiques dont les accusés sortent souvent grandis pour préférer des accusations qui souillent leur réputation. La diffamation est devenue le principal moyen de pression de la classe dirigeante et du pouvoir pour faire taire ceux qui contestent. Si nul n’est au-dessus des lois et que la lutte contre les violences, notamment celles faites aux femmes, est une priorité, personne n’est dupe. Salir les voix critiques par des affaires de mœurs réelles ou supposées est désormais la règle pour écraser la liberté d’expression.

C’est indigne ! Et sur ce registre le pouvoir marocain n’a aucune leçon à donner lui qui use massivement de méthodes criminelles. Il suffit de regarder le sort de Sultana Khaya, défenseuse des droits du peuple sahraoui dans les territoires occupés, brutalisée, violée à plusieurs reprises par les forces de l’ordre, empoisonnée et assignée à résidence dans l’impunité la plus totale.

Les journalistes, les militants des droits humains ou du Hirak connaissent tous des conditions de détention inhumaine, nombreux sont ceux qui sont à l’isolement ou ont mené une grève de la faim. Le Parti communiste français exige leur libération immédiate.

Aujourd’hui, le pouvoir marocain se sent tout puissant pour étouffer les libertés et mener une politique agressive avec le soutien des États-Unis et l’État d’Israël.

Mais face aux inégalités, à la corruption, à la destruction des services publics, à l’horizon bouché pour une grande partie de la jeunesse, le pouvoir marocain ne parviendra pas à éteindre le feu de la révolte sociale qui couve.

Dans ce combat, les journalistes, les forces démocratiques et le peuple marocain peuvent compter sur la solidarité des communistes français.

Pascal Torre
responsable-adjoint du secteur international du PCF
chargé du Maghreb et du Moyen-Orient