Oscar Niemeyer, créateur, communiste

L’architecte Oscar Niemeyer, qui a conçu le bâtiment du PCF, est décédé le 5 décembre 2012, voici 10 ans. Il avait presque 105 ans. De son vrai nom Oscar Ribeiro de Almeida de Niemeyer Soares, il aimait à dire : « Dans mon nom il y a quatre origines différentes... Je suis un métis et j’en suis fier. » Il portait en lui une ouverture sur le monde.

Au cours de sa vie, il a réalisé plus de 600 projets, aux quatre coins de la planète ; certains d’entre eux se matérialisent encore aujourd’hui comme à Brasília (2012), Leipzig (2020), Aix-en-Provence (2022).

Fidel Castro avait dit de lui en 1999 : « On se souvient de Michel-Ange, des grands peintres du monde, on se souviendra d’Oscar Niemeyer avec la plus grande admiration, un Niemeyer éternel pour son œuvre et ses nobles idées. »

De fait, il a été honoré, distingué dans une dizaine de pays (et d’académies). La France l’a élevé au rang de commandeur de la Légion d’honneur en 2007. Et le monde entier a rendu hommage à l’architecte et à son engagement communiste indéfectible, soulignant à la fois la sensualité des courbes de ses réalisations et la droiture de ses convictions.

Quelques citations. Dilma Roussef, ex-Présidente de la République du Brésil, déclara à l’annonce de sa mort : « C’est un jour de deuil. C’est un jour pour saluer sa vie. Niemeyer était un révolutionnaire, le mentor de la nouvelle architecture qui était belle, logique et, comme il l’avait définie lui-même, inventive. »

Pour Sergio Magalhaes président de l’Institut brésilien des architectes, « Niemeyer était un homme en avance sur son temps, il était solidaire des autres et il a été aimé comme peu de gens. »

Sergio Cabral Filho, gouverneur de Rio, a parlé de « génie de l’architecture mondiale, ferme dans ses convictions et aimé du peuple brésilien ».

Et Lula assura : « La monumentale Brasilia, où il a laissé la marque de son art et concentré ses rêves d’une ville qui puisse abriter avec tendresse et confort pauvres et riches, hommes communs et ordinaires, sera toujours l’expression maximum de son génie et de sa générosité. »

Architectes, artistes, journalistes, hommes et femmes politiques ont salué son engagement. Lucien Clergue, photographe, a pu dire : « Comme Picasso, Oscar avait ce sentiment de communisme, c’est-à-dire de confraternité, généreux et le sens du partage. »

Ils ont insisté sur le caractère novateur de son œuvre. Pour l’architecte Jean-Maur Lyonnet qui participa à la construction de notre siège : « Son architecture a apporté sur la scène européenne et nord-américaine vraiment un souffle tout à fait nouveau. » Paul Chemetov, qui contribua également à la construction du siège, insistait : « Il croyait en une architecture capable de transformer le monde. »  Et Pierre Laurent notait : « Son œuvre est révolutionnaire parce qu’il aimait l’humanité et la vie qui n’a de sens que dans la solidarité et la fraternité du genre humain. »

Le siège du PCF était, avec la cathédrale de Brasilia, l’œuvre préférée de son créateur. Quarante-deux ans après l’inauguration de l’immeuble de la place Colonel-Fabien, et dix ans après la mort d’Oscar Niemeyer, ce siège, classé au patrimoine national, reçoit sept mille visiteurs aux journées du patrimoine.

Le bâtiment reste quasiment le seul siège politique d’origine à être encore la propriété de son parti. Construit vers la fin de la guerre froide par nombre d’architectes et d’ingénieurs communistes, il opposait fièrement son rideau de verre au rideau de fer. Il doit aussi beaucoup à l’implication militante des communistes, qui ont participé à la grande souscription nationale qui a permis l’achèvement des travaux, mais aussi aux nombreuses gardes pendant les travaux. 

Gérard Pellois

 

À partir du mois de janvier, CommunisteS ouvrira un feuilleton sur son auteur, sur la construction et l’histoire du lieu, en quelque sorte un travail de mémoire que l’avancée du temps et le contexte appellent.