PCF/PT: Échanges sur les situations politiques au Brésil et en France

Ce lundi 2 mars 2020, une délégation du PCF* conduite par Fabien Roussel a rencontré Luiz Inácio Lula da Silva, ex-président brésilien présent à Paris pour recevoir dans la soirée à l’Hôtel de Ville la médaille de «citoyen d’honneur de la Ville de Paris» de la part d’Anne Hidalgo.

Le Président Lula souhaite tout d’abord remercier chaleureusement le PCF pour toutes ses actions de solidarité pour sa libération, remercier aussi le journal l’Humanité et la Fête de l'Humanité qui a accueilli si chaleureusement Dilma Rousseff en septembre dernier. Il exprime aussi la volonté de renforcer et de construire des liens plus réguliers avec le PCF pour permettre une bonne compréhension des enjeux politiques de chacun de nos pays.

Ainsi, Fabien Roussel est particulièrement questionné sur la mobilisation sociale actuelle de notre pays et les informations sur les questions migratoires qui agitent l’Europe. Suite à l’exposé de Fabien Roussel, Fernando Haddad fait un rapide exposé sur la méthode Bolsonaro pour arriver au pouvoir après le coup d’État institutionnel contre Dilma. L’emprisonnement de Lula sous de simples faits de suspicions sans preuves n’avait qu’un seul objectif: celui d’une élection présidentielle sans candidat du PT.

Depuis l’arrivée de Bolsonaro, à l’extrême droite de l’échiquier politique brésilien, c’est une alliance sans équivoque avec les marchés financiers, marquée par un ministre de l’Économie, ancien spéculateur, formé dans les écoles de Chicago, n’ayant jamais caché son admiration pour Pinochet et une présence sans précédent de l’armée dans les rouages clés du pouvoir.

Derrière le slogan «Moins de Brasilia (capitale politique), plus de Brésil», se dessine la vision politique de Bolsonaro: «moins d’État, plus d’entreprenariat», avec au bout une réalité: chute conséquente de la force du travail avec une augmentation des profits sans produire davantage. Derrière, c’est une économie qui stagne, des inégalités qui grandissent, plaçant le Brésil comme un des pays les plus inégaux du monde, avec un transfert de patrimoine public vers le privé significatif. Après avoir réussi à casser le code du travail, attaquer le système éducatif, c’est la privatisation de Petrobras (7e production mondiale), d’Electrobras, et de deux des trois banques nationales.

Politiquement, contrairement à Macron «qui déploie un autoritarisme caché en utilisant les ressources de la démocratie libérale», comme l’a souligné Dilma Rousseff, Bolsonaro, lui, à la sortie de l'élection, a pu affirmer sa ligne ultra droite, du fait d’une droite affaiblie par les affaires. Le centre droit aujourd’hui, tente d'exister dans le paysage politique brésilien avec beaucoup de difficulté, car ne s’opposant pas frontalement à Bolsonaro, du fait d’une concomitance sur son agenda économique. Cela place ainsi l’extrême droite en situation de pouvoir capitaliser en fonction d'un éventuel fonctionnement de son projet économique et en installant d’une façon inquiétante de nombreux militaires à la tête du gouvernement.

Si aujourd’hui l’élection présidentielle avait lieu, on assisterait certainement à un affrontement PT / Bolsonaro; ce qui laisse augurer toute forme de manœuvres politiques afin d’empêcher le PT de pouvoir être candidat ou de modifier la loi électorale.

L’échange se conclut avec le regret de disposer de trop peu de temps pour débattre de tous les sujets qui nous préoccupent, mais avec un appel insistant à régulariser nos échanges d'information et notre travail commun.

Laurent PEREA
responsable-adjoint du secteur international
chargé de l'Amérique latine

 

*La délégation du PCF était composée de Fabien Roussel, député du Nord et secrétaire national du PCF, Laurence Cohen, sénatrice PCF, Laurent Péréa et Cécile Dumas, responsables-adjoints du secteur international du PCF.
La délégation brésilienne était composée de Luiz Inácio Lula da Silva, Dilma Rousseff, Fernando Haddad, Romenio Pereira (responsable des questions internationales du PT) et Joao Paulo (responsable du MST).