Quelle politique de la France pour les réfugiés?

Cette question était le titre d'un des ateliers organisés par le secteur international lors des universités d'été. Une nouvelle fois, les questions migratoires sont au cœur de l'actualité.

Aujourd'hui ce thème est abordé à partir de l'Afghanistan, hier c'étaient la Syrie et la Libye, auparavant à partir de la Tunisie avec un cynisme récurrent qui parle de flux migratoire et jamais d'humains.

Comme souvent, concernant ce sujet, il est nécessaire de rappeler quelques réalités. La première étant que l'immense majorité des réfugiés, des déplacés vont dans les pays limitrophes. Par exemple, l'essentiel des réfugiés afghans sont et seront accueillis par le Pakistan et l'Iran, tout cela dans de très mauvaises conditions d'accueil et de vie.

Nécessaire de rappeler aussi que la politique migratoire est une politique nationale et non européenne qu'aucun État ne veut transférer, en particulier la politique des visas et de condition de l'obtention du droit d'asile. Il est aussi utile de rappeler que les conditions d'obtention du droit d'asile en France se sont considérablement durcies suite à une frénésie de lois ces dernières décennies.

Ainsi la politique de la France est assez similaire à l'ensemble des pays de l'Union européenne : fermeture des frontières, valider les murs qui se construisent, rejet des bateaux de sauvetage en Méditerranée, durcir les conditions d'obtention du droit d'asile, multiplier les reconduites dans le pays d'origine, maintien des CRA (Centre de Rétention Administrative), respect des accords honteux de l'Union européenne avec des pays comme la Turquie pour « sous-traiter » les accueils de réfugiés ou même avec l'Afghanistan en 2019 qui à ce moment-là était défini par l'UE comme un pays sûr, ce qui permettait de faire des reconduites dans le pays d'origine. En 2019, la France a renvoyé plus de 400 personnes en Afghanistan.

La France a stoppé les retours d'Afghans seulement en juin 2021.

Le taux de protection de la France c'est-à-dire le taux d'acceptation du statut de réfugiés ou de protection subsidiaire est depuis plusieurs années aux alentours de 25 % après les études de dossier de l'Ofpra et de 35 à 40 % après les recours de la CNDA.

"Les maires communistes ont signé une tribune disant oui à l'accueil et se disant prêts à le faire dans leur ville."

Par exemple, en 2020, il y a eu 95 600 demandes (mineurs inclus) dont 86 620 premières demandes et 8 830 demandes de réexamens. Parmi ces demandes 10 100 venaient d'Afghanistan, 5 800 de Guinée, 5 050 du Bangladesh, 4 950 de Côte d'Ivoire, 3 970 du Nigéria.

Seulement 33 000 dossiers acceptés soit 23,7 % par l'Ofpra et 37,7 % après recours auprès de la CNDA.

En 2019, c'étaient 132 700 demandes dont 10 015 Afghans et 46 200 personnes qui ont obtenu le droit d'asile.

Aujourd'hui, il y a donc une certaine hypocrisie de la part du gouvernement Macron qui fait semblant d'ouvrir les portes de la France aux réfugiés Afghans alors qu'il les a fermées pendant toutes ces années. La palme de l'hypocrisie revient à la ministre Marlène Schiappa qui demande aux maires de joindre les actes à la parole au sujet de l'accueil de réfugiés alors que l'État se repose complètement sur les politiques volontaristes des maires.

En effet, les maires communistes ont signé une tribune disant oui à l'accueil et se disant prêts à le faire dans leur ville, c'est aussi le cas de la plupart des maires de grandes métropoles comme Marseille.

Mais pour l'instant, ces volontés politiques se font à budget constant et aucun accompagnement de l'État ne vient appuyer les budgets des villes. Et malgré cela, des projets naissent, des lieux d'accueil se construisent comme l'a expliqué Audrey Garino, adjointe à la mairie de Marseille, chargée des affaires sociales, de la lutte contre la pauvreté et de l'égalité des droits.

Cécile Dumas
responsable-adjointe du secteur international
chargée des enjeux migratoires