Quelques éléments sur le 2nd tour des élections municipales

Après que le Conseil scientifique a rendu son avis, le gouvernement a décidé que le 2e tour des élections municipales aurait lieu le 28 juin, avec un dépôt des listes le 2 juin. Une clause de revoyure est prévue à quinze jours du scrutin. S’il n’y a pas de reprise de l’épidémie alors la campagne électorale officielle débutera à ce moment-là.

Par ailleurs, le gouvernement a fait un appel à propositions auprès des partis et des associations d’élus, les invitant à une séance de travail avec le ministre de l’Intérieur le 27 mai. Le gouvernement se dit ouvert à toute proposition dans la limite où elle ne l’oblige pas à aller devant le Parlement pour modifier la loi électorale. Il a évoqué les pistes de propositions suivantes : circulaire électorale plus longue, facilité administrative pour les procurations, meilleurs accès des listes aux médias régionaux. Or le sénateur de droite Philippe Bas a déjà déposé une proposition de loi : augmenter d’une unité le nombre de procurations qu’un électeur peut porter.

Au-delà du constat partagé que ce scrutin comme celui du 1er tour va se dérouler dans un contexte démocratique fortement dégradé dont le gouvernement porte la responsabilité politique, l’objectif de cet article est de donner des éléments sur la campagne et le déroulement du scrutin si la date du 28 juin est in fine maintenue.

Nos campagnes devront se déployer dans un nouveau cadre légal contraint à la fois par les dispositions générales de la période post confinement et les recommandations du Conseil scientifique retenues par le gouvernement. Mais surtout, nos campagnes devront être à la fois à la hauteur de l’attente démocratique de nos concitoyens et dans le respect exemplaire des mesures sanitaires que la société attend de ses futur·e·s élu·e·s.

De fait, nos campagnes auront une dimension numérique et téléphonique inédite, ce qui n’empêche pas de travailler d’autres moyens plus traditionnels comme l’affichage. Quels que soient les moyens, notre objectif reste, à partir de l’exploitation de tous nos contacts, de convaincre les hésitants, de donner des arguments à nos électeurs, aux têtes de réseaux, aux prescripteurs d’opinion pour convaincre leurs cercles de relations sociales et en évitant toutes les polémiques chronophages sur les réseaux sociaux, ainsi que les phénomènes d’entre-soi. Nous devons en plus assurer ou collecter les procurations de nos sympathisants ou de nos électeurs habituels qui se seraient abstenus au 1er tour par crainte légitime du virus.

Atteindre ces cibles passe par organiser des chaînes « virales » (sic) de courriels, de billets sur les réseaux sociaux, de vidéos, de textos, de téléphones… en ayant toujours à l’esprit qu’un message a toujours plus de chance d’être lu, vu ou écouter, relayer, s’il provient d’une personne physique, en particulier d’un proche, d’un·e ami·e, d’un·e candidat·e que d’une organisation ou de la liste.

Les Wahtsapp, des Facebook live et apéros Facebook de la tête de liste et des candidat·e·s sont à planifier et populariser, y compris par affichette ou courrier sous enveloppe nominative dans les boîtes aux lettres.

Il est aussi nécessaire de travailler sur une liste de mandataires élargie pour collecter un nombre accru de procurations et d’organiser le contact systématique de nos électeurs ayant un risque de covid grave pour leur proposer de faire une procuration.

Sur le fond de la campagne, nous devons combattre avec détermination l’idée véhiculée par certains médias et sondages que s’abstenir reviendrait à sanctionner le gouvernement. Nous devrons aussi recalibrer la communication autour de nos projets municipaux par rapport à une société française qui a profondément évolué depuis le 15 mars. Ainsi, si selon les enquêtes d’opinion à la veille du premier tour les principales préoccupations de nos concitoyens portaient sur la sécurité, les impôts locaux et l’écologie, aujourd’hui ce sont les thématiques de la santé, de l’éducation, du chômage, des salaires, de la précarité et des services publics qui arrivent largement en tête. Or cette évolution de l’opinion, qui est encore plus forte dans les catégories populaires, rejoint les terrains d’interventions où les élu·e·s communistes sont les plus reconnu·e·s.

Nous avons tout intérêt à politiser le débat municipal en l’axant sur le besoin de changements profonds et radicaux de notre société qu’a révélé la crise du Covid-19.

Le déroulement du scrutin, tel qu’il a été esquissé par le ministre de l’Intérieur et si tout ou partie des recommandations de Conseil scientifique, certes sanitairement justifiées, sont suivies, va poser d’importants problèmes en termes de sincérité du scrutin. Par exemple, le fait que l’électeur ou l’électrice soit masqué·e et ses papiers vérifiés à distance empêche un véritable contrôle de son identité et peut donc être source de fraude. C’est pourquoi, afin de minimiser ce risque de fraude, il sera nécessaire de maximiser, dans le cadre du respect des mesures sanitaires nécessaires, notre présence dans les bureaux et au dépouillement.

Ce 2e tour des municipales, aux conditions de déroulement si particulières, constituera de fait une première expression électorale du rapport de force qui travaille la société française post déconfinement. À nous de faire que les listes où nous sommes présents incarnent pleinement la colère, mais aussi et surtout les aspirations et les espoirs de notre peuple.

Yann Le Pollotec, membre du CN.