Questions migratoires: Manipulation politique ou enjeux de société?

Durant chaque débat des élections européennes, les questions migratoires sont évoquées. Elles sont souvent présentées comme un thème central de ces élections, alors que l’Union européenne n’a pour l’instant aucune compétence sur les politiques migratoires. Ces compétences sont précieusement gardées par les États qui veulent conserver la main sur les conditions de distribution de visas et sur les critères d’obtention du droit d’asile.

Ces questions migratoires ont de nouveau fait partie de l’actualité ces dernières semaines par des faits dramatiques et des manipulations politiques. Il y a quelques jours, 60 migrants sont morts en Méditerranée après un naufrage terrible au large de la Tunisie après avoir fui la Libye dans un radeau de fortune. Des témoignages horribles nous parviennent par différents médias, suivent quelques larmes de crocodiles de dirigeants européens, puis rien, aucune décision, aucune annonce pour remettre à flot des missions de sauvetage de l’Union européenne! Le silence assourdissant du gouvernement français est insupportable. Quelques jours plus tard, le Sea Watch 3 est enfin autorisé, par le procureur d’Agrigente (Sicile), à débarquer 47 migrants au port de Lampedusa. Tout cela au grand désarroi de Matteo Salvini, ministre de l’Intérieur d’extrême droite, qui veut se montrer comme l’homme fort de l’antimigration.

En effet, Matteo Salvini a bien fait remarquer que les questions migratoires étaient un enjeu national qui peut facilement être un enjeu de manipulation politique au service de la haine, de la peur et du mensonge, avec une législation anti-migratoire dans le pays qui prévoit une amende jusqu’à 5 500€ par migrant arrivé en Italie par tout navire de secours.

Cette manipulation politique des questions migratoires, présentées comme un danger, comme une invasion est sans aucun doute le fil rouge de la volonté de construction du front nationaliste européen qui rassemble les partis d’extrême droite en Europe. Les 11 partis d’extrême droite réunis à Milan ont bien ce point commun: la frontière nationale comme rempart aux migrants!

“Prendre le temps du dialogue et laisser le temps aux migrants de témoigner de leur vie“

Cette volonté de construction de front nationaliste a été un peu gâchée le week-end dernier par la démission du vice-chancelier autrichien d’extrême droite, après la diffusion d’une vidéo le mettant au cœur d’un scandale de «corruption», mais elle reste un risque des élections européennes.

Dans ce cadre-là, il est important de continuer l’information sur les enjeux migratoires et le débat avec les associations, les citoyens solidaires pour comprendre qu’une partie de la population voit les enjeux migratoires comme un enjeu de société avec un impact positif sur la société, capable de montrer la solidarité des habitants de notre pays, capable de construire le multiculturalisme. Pour cela, il faut prendre le temps du dialogue et laisser le temps aux migrants de témoigner de leur vie, de leur volonté, de leur chemin de migrations.

Ces moments de témoignage permettent de remettre les débats à leur place et Ian Brossat, tête de liste du Parti communiste français aux élections européennes, le porte dans toute la campagne avec courage, clarté et avec des propositions politiques fortes sur le droit d’asile, sur l’accueil digne des migrants et une nouvelle politique de visas.

Il nous reste donc quelques jours pour mobiliser pour une société ouverte, pour une Europe fraternelle, solidaire et hospitalière en faisant voter pour Ian Brossat et faire entrer au moins 4 députés de la liste «L’Europe des gens» au Parlement européen et faire barrage à la construction du front nationaliste de l’extrême droite.

Cécile Dumas
Responsable-adjointe du secteur international du PCF
chargée des enjeux migratoires
article publié dans CommunisteS du 22 mai 2019