Regards africains sur la campagne présidentielle en France

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Les élections présidentielles françaises amènent bon nombre d’Africains à s’interroger sur les enjeux majeurs de la nécessaire refondation des relations franco- africaines, surtout à l’aune des défis que traverse le monde actuel. Dans ce contexte, le Parti communiste français est l’un des rares partis à avoir posé les jalons d’une redéfinition des rapports néocoloniaux que la France persiste à maintenir dans ses relations avec l’Afrique. Pour s’en convaincre, il suffit de se référer aux prises de position de ses élus au Sénat et à l’Assemblée, lors des questions orales et écrites au gouvernement. Par ailleurs, les interventions remarquables du Sénateur Pierre Laurent au Sénat français et du Député Jean-Paul Lecoq à l’Assemblée Nationale française, ont fortement marqué les esprits.

Dans son programme électoral, le PCF s’engage à mettre fin aux accords économiques dévastateurs imposés aux pays du Sud par ceux du Nord et à les remplacer par des traités internationaux plus respectueux de la souveraineté des peuples et des nations. Il s’engage à mettre fin au Franc CFA, instrument de servitude des peuples africains, rebaptisé frauduleusement Eco avec la complicité du Président ivoirien Alassane Ouattara. Concernant la migration, le PCF demande l’ouverture de voies légales et sécurisées conformément au Droit international, à la Convention européenne des droits de l’Homme et celle de Genève sur le droit d’asile.

De même, Fabien Roussel engagera la France à quitter l’OTAN, demandera sa dissolution et la création d’un cadre de coopération et de sécurité collective. Il mettra fin aux opérations militaires extérieures et fermera les bases françaises hors du pays. En outre, le PCF dénoncera les traités de libre-échange et agira en faveur de nouveaux traités plus justes, visant au développement humain, social et écologique, à travers une nouvelle institution remplaçant l’Organisation Mondiale du Commerce. Sur le plan macroéconomique, il insiste sur la nécessité de sortir du Consensus de Washington d’inspiration ultralibérale favorisant l’évasion fiscale des multinationales qui soustrait aux pays du Sud, des moyens importants pour le financement de leur développement. Le PCF préconise aussi une conférence sur la dette et recommande des Droits de Tirage Spéciaux pour les pays du Sud. Cela freinera la fuite des cerveaux tant utiles, l’emploi local des jeunes et la transformation de l’informel en formel. Le PCF s’engage à porter l’aide publique au développement à 0,7% du PIB en en redéfinissant les modalités, faisant sienne la vision de Thomas Sankara selon laquelle, il faudrait « encourager l’aide qui nous aide à nous passer de l’aide ». Sur le plan de la santé, le PCF réclame la levée des brevets sur les vaccins et certains médicaments pour en faire des biens universels, faire reculer certaines pandémies et renforcer la souveraineté médicale des pays concernés.

Les réalités du monde nous apprennent qu’Africains, Français, Européens et autres, sont tous victimes d’un même système de prédation mondiale qui pille nos ressources, dégrade l’environnement et le climat, crée et entretient les foyers de guerre et de conflits. Il reproduit le racisme systémique comme dans la guerre actuelle en Ukraine, étend les poches de famine en Afrique et ailleurs, faute d’accès aux ressources alimentaires suite aux sanctions occidentales imposées à la Russie. Les Africains d’Afrique et du monde sont concernés par les batailles que mène le peuple de France. Soutenons fermement les idées et les principes guidant la campagne de nos camarades du Parti communiste français ! Relevons ensemble les défis des « Jours heureux » !

Pr Issa N’DIAYE, Forum Civique Mali