Retisser les liens avec le monde du travail

Le Conseil national du dernier week-end a débattu du rapport politique de Fabien Roussel, du rapport de Pierre Lacaze sur les municipales, celui de Vincent Boulet sur le PGE (nous en parlerons la semaine prochaine) ; il a adopté un texte sur les retraites. Ci-dessous le rapport du secrétaire national. (Extraits)

Il y a un an, nous tenions notre congrès. C’était alors les premiers rassemblements des gilets jaunes. Permettez-moi de revenir sur cette année.

Durant toute cette année, nous avons été aux cotés de toutes les mobilisations sociales, des luttes, de celles des cheminots, des blouses blanches, des blouses noires de la justice, des gilets jaunes comme des gilets roses, ou comme aujourd’hui contre les féminicides avec une mobilisation exceptionnelle, historique.

Dans un paysage totalement éclaté à gauche, nous avons, avec nos 10 propositions pour la France et en écho au mouvement des gilets jaunes, voulu donner du crédit à ce que pourrait être une réponse immédiate aux exigences d’égalité, de dignité, d’épanouissement de nos concitoyens et une perspective d’alternative de progrès à Emmanuel Macron. Ces 10 propositions sont toujours valables et d’actualité.

Nous avons fait le choix ensuite de défendre notre projet lors des élections européennes, après avoir tout fait pour conduire une liste de rassemblement avec Génération.s. Le résultat a été en deçà de nos espérances. Il ne nous a pas permis de faire élire des députés européens aux élections européennes. Notre présence lors de cette élection, en revanche, a permis de participer au débat national, d’être une force politique à part entière, de remettre le PCF dans le paysage à gauche, de mettre des visages sur nos combats et sur notre projet de société.

Nous nous sommes engagés dans des batailles importantes, pour la santé avec la tournée des hôpitaux et 160 établissements visités, pour le maintien du train des primeurs, contre la privatisation d’ADP et pour l’obtention d’un référendum, où nous contribuons pour beaucoup à la perspective du million de signatures qui devrait être franchi début décembre. (...)

Tout cela est positif mais, disons-le franchement, nous ne sommes pas au niveau au regard de la situation politique, et très en deçà de l’espace politique qui nous est potentiellement ouvert dans ce contexte. C’est le bilan que je fais un an après le congrès.

Un espace politique ouvert

Car, oui, l’espace politique est ouvert : Ouvert en direction de ces 23 millions de nos concitoyens qui ne vont pas voter. (...) Ouvert aussi en direction des salariés, du monde du travail dans le public comme dans le privé, des jeunes qui subissent les mauvais coups des gouvernements qui se sont succédé ces dernières années. Le tour de France des entreprises nous y amène, de manière partielle mais pas de manière massive. Chaque fédération devrait faire le tour des entreprises de son département. Il nous faut aller plus loin, être plus présents devant et dans les entreprises. C’est pourquoi nous devons élever notre niveau de détermination et plus encore nous fixer des objectifs politiques plus ambitieux, au travers de priorités, de combats qui nous permettent de redonner de l’espoir et de rendre crédible notre projet de société.

Et c’est là le rôle de notre direction, de prioriser et d’organiser l’activité de tout notre parti sur les choix que nous fixons ensemble. Mon sentiment personnel, c’est que nous sommes en fait sans cesse appelés à intervenir sur tous les sujets d’actualité, qui sont tous importants mais qui nous dispersent. Nous passons d’une campagne à une autre. Les secrétaires fédéraux sont sollicités de toute part, en plus des élections à venir comme celle des municipales. Ils ont besoin d’axes de campagnes plus claires, qui permettent aussi d’irriguer politiquement les campagnes électorales.

Nous devons résister plus fortement au calendrier imposé par le gouvernement, imposé par l’actualité, pour imposer le nôtre et passer au-dessus des médias pour parler directement aux Français. Et c’est à nous de déterminer les sujets dont nous voulons parler. C’est à nous de déterminer le clou sur lequel nous devons taper, taper sans relâche. Et ce clou, c’est la campagne permanente que nous devons mener contre le capital, contre les milieux d’affaires et les banques, pour un projet de société mettant l’être humain et la planète au cœur.

Liens avec le monde du travail

(...) Notre parti a vocation non seulement à soutenir leurs luttes, mais aussi et surtout à montrer qu’il est possible de tracer d’autres perspectives que les reculs sociaux, le renoncement aux droits ou les abandons de souveraineté, pour peu qu’ensemble nous reprenions le pouvoir sur l’argent. Nous devons nous adresser régulièrement à eux, creuser ce sillon pour retisser les liens entre le PCF et le monde du travail ! (…)

Tout est fait pour nous désunir selon le vieil adage : diviser pour mieux régner.

C’est là-dessus que nous devons intervenir pour unifier le monde du travail, rassembler cette classe qui, unie, devient une force. Qui d’autre que nous peut et doit s’adresser à tous ceux-là, au monde du travail et à la jeunesse, pour porter ensemble les espoirs de changement, pour appeler à l’union, à l’unité du peuple face à la classe des riches, des 1 %.

Nous avons des moyens qu’il nous faut renforcer : c’est notre organisation. Il nous faut plus d’adhérents, mieux formés, mieux organisés, capables d’animer une campagne nationale, dans tout le pays, sur un thème dédié ensemble qui nous semble… capital. Et s’il y a un thème qui doit nous mobiliser tout entier en ce moment, qui nous permet d’enfoncer le clou, je le résumerai en trois mots : retraite, retraite, retraite !

(...) Unifier, faire converger, c’est évidemment un des grands enjeux de la bataille qui s’est engagée désormais sur le projet de réforme des retraites, avec en point de mire la journée du 5 décembre et celles qui vont suivre.

Le 5 et le 11

(...) Nous nous dirigeons donc vers une immense bataille sociale, idéologique et politique. La journée du 5 décembre et ses suites immédiates vont être décisives pour installer un rapport de force avec le pouvoir, et construire ce qui pourrait être une première grande victoire sociale depuis bien longtemps. (...)

Notre intervention s’avère aussi et surtout décisive pour montrer qu’un autre chemin est possible, qu’il est même nécessaire pour une nouvelle grande avancée de civilisation. C’est le sens du contre-projet que nous entendons mettre entre les mains des Françaises et des Français, après que nous l’ayons discuté, arbitré et adopté lors de ce CN. (...)

Nous voulons également qu’il contribue à ouvrir une perspective politique de progrès, de rupture, en mettant en évidence qu’une politique alternative, conduite par une majorité de gauche et écologiste, est possible, dès lors que celle-ci se donne pour ambition de faire reculer la logique capitaliste et de contribuer à une nouvelle avancée de civilisation. Sur cette base, nous proposons de rassembler l’ensemble des forces de gauche le 11 décembre prochain, dans un grand meeting que nous tiendrons à la Bourse du travail de Saint-Denis.

Ce rendez-vous peut être un signal très fort dans le pays, pour montrer que sur des sujets aussi important que celui-là, les forces de gauche savent discuter et travailler ensemble, avec les forces syndicales.

(…)

En portant la confrontation sur ce terrain (des salaires) en mettant les idées communistes au cœur du débat politique plutôt qu’en courant sans cesse après les chiffons noirs agités par le pouvoir, j’ai la conviction que nous jouerons pleinement notre rôle dans la société et créerons les conditions nécessaires pour faire bouger un paysage politique particulièrement grave, notamment avec la perspective des municipales, puis des élections départementales et régionales en 2021. Ne négligeons pas l’intense bataille idéologique que le pouvoir et les forces réactionnaires vont amplifier, face à ce qui est en train de naître autour du mouvement sur les retraites.