Retrouver du sens

Nous en appelons à la culture
Dans cette période, le développement de la culture, des arts, de la création et de l’éducation populaire demeure marqué, quand ce n’est pas entravé, par les logiques de marchandisation, d’uniformisation, de précarisation, de dominations.
La politique menée par ce gouvernement, qui relègue la culture en toile de fond, bien souvent limitée dans le débat public aux enjeux - certes à considérer - du patrimoine.

Le ministère de la Culture semble se complaire dans une certaine transparence, ce qui ne signifie pas qu’il n’alimente pas le dévoiement que nous critiquons. Mais cette réalité témoigne d’une caractéristique assez emblématique du pouvoir macronien ; il semble n’avoir pas besoin de la culture puisqu’il n’a pas besoin de sens. Il puise dans la technocratie libérale l’essentiel de son inspiration et se satisfait du culte de la vénalité comme horizon ; cela suffit aux premiers de cordée.
C’est en cela qu’on pourrait évoquer quelque chose comme une vulgarité éclairée. Cette vulgarité, celle d’une politique qui confond les fins et les moyens, celle d’un discours qui se paye de mots pour mieux les dévitaliser porte atteinte au sens, celle d’une idéologie de la réussite individuelle, défait mécaniquement les dynamiques du commun, abîme les liens, fragmente, fracture, divise. Mais la mécanique ne lui suffit pas. Il lui faut aller plus loin et c’est pour cela que le pouvoir, aidé de forces réactionnaires toujours vivaces, s’est employé avec force à alimenter l’affrontement identitaire dans un mélange explosif, depuis la loi dite « asile et immigration », en passant par le débat insupportable sur les mamans accompagnatrices portant un foulard, l’amalgame entre antisémitisme et critique de l’État d’Israël, le rabotage de l’Aide médicale d’État... Ce bain ambiant est un poison pour notre société. Et plus encore parce qu’elle en est affectée, tout cela appelle une vitalité culturelle renouvelée et décuplée.
C’est la question posée par Culture en force, le livre que nous avons tiré de notre Convention nationale, qui a connu un premier succès et qui demeure un outil précieux dans la période dans la durée.
Plusieurs initiatives se sont tenues depuis septembre pour engager le débat autour du livre et nous devons amplifier ce mouvement. Nous devons le diffuser auprès de toutes celles et tous ceux qui s’intéressent aux enjeux de la culture pour nouer le lien et contribuer ensemble à faire grandir un mouvement pour mettre la culture au cœur des enjeux politiques.

Retraite
Nous savons aussi que toutes et tous, professions du spectacle, salariés de l’économie culturelle, auteurs, artistes, s’inquiètent, comme tout un chacun de leurs droits à la retraite. Le système de calcul actuel est défavorable pour les intermittents, compte tenu des périodes de chômage et des parcours décousus, mais le système du gouvernement le sera plus encore. Les personnels de l’Opéra national de Paris (1 811 pensionnés en 2018) et le personnel de la Comédie française (340 pensionnés en 2018) ne sont pas placés sous le régime général. La mobilisation des premiers est forte et s’est rendue fortement visible. Ils ont sans doute été considérés comme quantité négligeable par les promoteurs de la réforme. Reste également la situation particulière des auteurs.
De nombreuses personnalités du monde de la culture se sont exprimées dans le débat, notamment dans l’Humanité. En effet, la bataille amorcée sur les retraites est un enjeu de société central, où les dimensions culturelles ne sont pas absentes, notamment du point de vue du sens de l’existence, de la place du travail et des temps de la vie. La logique d’individualisation de la réforme faisant de chacune et de chacun l’auto-entrepreneur de sa vie contribue également à dessiner un projet de société.

Extraits d’une note de Pierre Dharréville au CEN.