Solidarité avec la gauche ukrainienne en prise avec la répression

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L’agression décidée par le gouvernement russe le 24 février dernier est odieuse et viole le droit international. Un cessez-le-feu immédiat ainsi que le retrait des troupes russes sur leurs positions antérieures doit être obtenu.

L’état de guerre ne justifie pas de s’en prendre aux droits fondamentaux, tant du côté russe, que du côté ukrainien.

En Ukraine, force est de constater que depuis l’invasion russe la répression des services ukrainiens s’accroît sur les journalistes, les blogueurs et les militants de gauche et communistes. Fin juin, un total de 28 500 affaires criminelles avaient été ouvertes pour différents motifs politiques, parmi lesquelles presque 1 200 pour « trahison », pour lesquelles sont encourues entre quinze ans de prison et la perpétuité.

Il y aujourd’hui environ 25 000 détenus politiques en Ukraine.

La répression touche l’ensemble des partis de gauche. Onze partis ont été purement et simplement interdits par décret présidentiel puis par le tribunal administratif d’appel de Lviv. Le militant de gauche Alexandre Matyouchenko, de Dniepro, a été condamné à trois ans de prison, après avoir sous contrainte physique dû plaider « coupable ».

Les communistes sont particulièrement visés. Nos camarades du Parti communiste d’Ukraine étaient en prise avec une procédure d’interdiction depuis 2015. Le tribunal administratif d’appel de Kiev a définitivement interdit le parti le 16 mai dernier. Ses locaux ont été occupés par le SBU dès le 24 février. Nous avons à plusieurs reprises réaffirmé notre solidarité auprès de nos camarades avec lesquels nous restons en contact constant. Rappelons que leur position a toujours été ferme sur le respect de l’intégrité territoriale ukrainienne, y compris comprenant la Crimée, dans un cadre décentralisé tel qu’auraient dû le mettre en œuvre les accords de Minsk, jamais respectés par le pouvoir en place à Kiev sur cet aspect.

Une campagne de solidarité, à laquelle nous nous associons, s’est enclenchée en faveur des frères Alexandre et Mikhail Kononovitch, membres des jeunesses communistes, arrêtés par le SBU le 3 mars et dont le procès a commencé à Kiev, sans qu’ils soient présents, et sans qu’aucune explication ne soit donnée à leur absence. Le SBU mène une opération d’intoxication en envoyant de faux messages de leurs comptes sur les réseaux sociaux. Il se livre également à des pressions physiques sur eux afin de les contraindre à plaider coupable. Alexandre et Mikhail Kononovitch ont appelé à une intervention des députés européens.

Les pouvoirs discrétionnaires du SBU font que l’Ukraine n’est pas un état de droit. L’état de guerre ne justifie pas l’arbitraire, ni les tortures physiques, ni les humiliations publiques, dont ont par exemple été victimes les Roms qui, fuyant la guerre, ont été ligotés et recouverts de peinture dans les rues de Lviv. La répression qui s’abat sur la gauche et sur les minorités, que connaît le pays depuis Maidan et le massacre impuni de 43 militants à Odessa le 2 mai 2014, s’amplifie.

Nous condamnons fermement toute arrestation et toute décision arbitraires. Nous exprimons notre solidarité la plus fraternelle avec les militants et les organisations et les journalistes de gauche en Ukraine, avec les communistes et les militants de gauche en prise avec la répression au seul tort de leur engagement progressiste. Nous exigeons leur libération immédiate et la légalisation des organisations interdites, dont celle du Parti communiste d’Ukraine.

Nous appelons le gouvernement français à conditionner les négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’UE à la libération immédiate des prisonniers politiques, au respect de l’état de droit et du pluralisme démocratique en Ukraine ; et le Parlement européen à envoyer une mission d’enquête en Ukraine chargée de rencontrer les militants emprisonnés.

Vincent Boulet
responsable des Affaires européennes
membre de la commission des relations internationales du PCF