Un jour d’après écologique et social !

Le confinement obligé a été le révélateur frappant d’aspects négatifs de nos sociétés sur la préservation de la planète et des écosystèmes. L’obligation de remiser nos voitures au garage a fait fortement baisser les émissions de CO2 ainsi que la pollution de l’air. Même conséquences écologiques pour la forte réduction de l’activité industrielle.

 

Le confinement obligé a été le révélateur frappant d’aspects négatifs de nos sociétés sur la préservation de la planète et des écosystèmes. L’obligation de remiser nos voitures au garage a fait fortement baisser les émissions de CO2 ainsi que la pollution de l’air. Même conséquences écologiques pour la forte réduction de l’activité industrielle.

C’est une bonne nouvelle pour la lutte contre le réchauffement climatique. L’amélioration de la qualité de l’air est aussi une bonne nouvelle pour la santé de nos concitoyens (cette pollution provoquant une surmortalité non négligeable). Cependant, il y a fort à parier que ces aspects paradoxalement positifs de la crise sanitaire ne soient que provisoires si le jour d’après ne change pas radicalement nos modèles de sociétés.

Comment doit-on envisager un après écologique … sachant que ne se perpétueront ni un confinement généralisé, ni    une industrie réduite à l’indispensable survie ?

Il convient d’avoir des propositions pour révolutionner notre société, nos modes de production, dépasser un système capitaliste obnubilé par l’argent, sur-exploiteur des ressources naturelles et impliqué dans la dégradation de la planète. Car ce même système capitaliste, mis en accusation par nombre de nos concitoyens, va préparer sa défense, proposer des solutions pour accroitre sa main mise sur la planète et accroitre ses profits, comme il en est capable avec le réchauffement climatique où le droit à émettre du CO2 se négocie sur les marchés financiers.

Ainsi, même un Macron, chaud partisan de l’argent- roi, défenseur du temple capitaliste, empêtré dans les contradictions du système et sa mise en accusation, s’oblige à des entorses aux lois du marché en relocalisant des productions. Je pense aux masques qui ne sont plus que rarement produits en France quand l’essentiel provient de pays à bas coûts salariaux, et, dans ce cas, de la Chine.

C’est un bel exemple de ce qu’il faudrait généraliser demain pour combiner protection de nos concitoyens et de la planète. Relocaliser ! Produire local ! C’est mettre en place des circuits courts. Circuit court ne vaut pas que pour les produits agricoles, l’alimentation. Cela vaut pour l’industriel également : il est indispensable de faire décroître fortement le transport de marchandises sur des milliers de kilomètres, déplacements engendrés par les logiques de délocalisation des productions et de dumping social, fiscal et donc de dumping environnemental. A titre d’exemple, le caractère ubuesque de la chaîne de valeur qui conduit à faire décortiquer au Vietnam des crustacés écossais, puis les faire fumer à Madagascar pour finalement les vendre dans des magasins en Europe…

 

Les circuits courts sont un des moyens de réduire l’empreinte carbone exorbitante que représentent les transports. Cette logique écologique est couplée à des vertus sociales en termes de création d’emplois. Ces circuits courts doivent être combinés à un effort d’investissement, de développement vigoureux dans les modes de transports les plus propres ! Pour le transport des personnes, il faut aller vers une réduction du transport individuel en voiture, en favorisant le ferroviaire, les transports en commun, le co-voiturage, le vélo et la marche à pied. Pour le transport des marchandises, ferroviaire, fluvial et maritime (cargos à voile) doivent être favorisés au détriment du tout camion et des avions.

A l’objectif, idéalisé par certains, d’une société totalement décroissante qui prendrait le risque de ne pas répondre à des besoins fondamentaux des sociétés humaines (vaincre la faim et la pauvreté, améliorer la santé, rénover thermiquement des logements …), il convient de plaider pour une décroissance des activités inutiles et une croissance de ce qui est utile socialement. Il convient de plaider pour des relocalisations, une production agricole et industrielle de proximité, en investissant dans la recherche pour que les process agricoles comme industriels soient respectueux de l’environnement, et n’épuisent pas les ressources. A l’obsolescence programmée, concept certifié capitaliste, destiné à accentuer la vente de nouveaux produits pour faire de nouveaux profits, préférons l’économie circulaire qui implique éco-conception des produits, réparation, économie des ressources pour les produire. Il faut imaginer une société qui produise, si elle se donne les moyens de produire propre et de produire utile.

Voilà quelques pistes de réflexions qui n’épuisent pas le sujet !

Alain Pagano, membre du CEN, responsable de la commission Écologie.