L’avenir des associations sportives se joue maintenant et devrait être la première préoccupation de la ministre des Sports, qui pour le moment n’a prévu aucun plan d’urgence.
La pratique régulière d’une activité physique et sportive est apparue comme un besoin essentiel pendant le confinement. Mais les associations ont fermé leur porte début mars et n’ont toujours pas repris leur activité alors que nous entrons dans la période habituellement animée par les tournois, fêtes des sports, forums des associations, riche en lien social et essentielle à la vie associative.
Beaucoup de questions se posent aux clubs : Comment rassurer leurs adhérents sur les conditions sanitaires de la reprise ? Comment faire face à la perte de recettes des initiatives qui n’ont pas lieu ? Comment relancer la prise de licence en club après une si longue coupure et éviter une chute des adhérents pour la saison prochaine ? D’autant plus que les principales ressources des clubs reposent sur les cotisations des familles et les subventions des collectivités qui sont elles-mêmes en difficulté.
Il y a un risque évident de tension entre les clubs locaux et les fédérations sportives en course pour récupérer des subventions et regagner des licenciés. Certains clubs peuvent être tentés d’augmenter leurs cotisations au risque d’accroitre les inégalités d’accès au sport. Par exemple, à Paris, l’inscription d’un enfant au judo peut coûter 300 euros ; difficile pour une famille qui va subir les conséquences économiques de la crise d’envisager une augmentation. Bien au contraire, dans cette période la priorité nationale devrait être la réduction du coût des licences pour les familles et même envisager la gratuité.
Pour cela, l’après-confinement doit conduire à un changement de cap dans la politique sportive nationale. Nous proposons de rebâtir le service public du sport autour de deux priorités, l’éducation physique et sportive à l’école et les associations sportives, les deux pierres angulaires du droit d’accès au sport. Plutôt qu’instrumentaliser les clubs sportifs en les transformant en prestataires de service de l’Éducation nationale au détriment de la vie associative et de l’EPS comme le proposent des députés, le gouvernement devrait décréter un plan national de relance pour les clubs.
Nous proposons rapidement un plan d’urgence accompagné d’un fonds d’aide en matériel de protection du Covid-19 pour les gestes barrières dans les clubs sportifs (masques et gels) et la généralisation des tests pour tous les licenciés. Nous proposons un plan de relance de la pratique sportive en club, avec une aide de l’État à la prise de licence à hauteur de 50 % sur critères sociaux et une indexation sur la base du quotient familial. Une prise en charge des collectivités territoriales d’une autre part de la licence pourrait fortement réduire les coûts de la pratique pour les familles. Mais pour cela le gouvernement doit être ambitieux, avec le doublement immédiat des crédits dédiés au sport et sa progression dans les 6 prochaines années pour atteindre 1 % du budget de la nation. Le financement du sport doit être entièrement revu et sécurisé. Au regard du rôle essentiel de la pratique d’un sport pour la santé publique et le lien social, il devrait être un volet à part entière de la Sécurité sociale. De même que les contributions salariales et patronales alimentent le budget de la Sécurité sociale, une part des cotisations sociales devrait être consacrée au sport qui sécuriserait ainsi le service public du sport d’une nouvelle ère.
Nicolas Bonnet, membre du CN, responsable national du collectif Sports et loisirs.