Un projet dangereux

Guyane - Montagne d'or

Alors que le rapport du groupe d’experts de l’ONU sur la biodiversité (IPBES) vient de confirmer le déclin de la biodiversité, annonçant la menace d’extinction pesant sur un million d’espèces, et alors que la Guyane abrite une immense réserve de biodiversité, le gouvernement ne s’est toujours pas prononcé sur le projet de mine d’or industrielle Montagne d’or.

En effet, les sociétés Colombus Gold et Nordgold ont créé la compagnie minière Montagne d’or, une compagnie dont le seul nom suffit à comprendre les objectifs : quatre-vingts tonnes d’or en douze ans d’exploitation. Prévue sur le territoire de Guyane, en pleine forêt primaire dans une zone abritant des espèces protégées, et entre deux réserves biologiques intégrales, Montagne d’or est en outre proche de sites archéologiques.

Enfin, les prévisions du cours de l’or contenues dans l’étude de faisabilité sont en outre très optimistes. En l’absence des profits escomptés ou de rentabilité, ce seront sur les normes de sécurité, environnementales et sur l’emploi, que les économies seront effectuées.

Sur le terrain, en Guyane où je me suis rendu en avril, la population et les peuples autochtones y sont largement opposés : 70 % d’entre eux s’y opposent.

Le Président de la République lui-même semble revenir sur sa position, et en pointe l’incompatibilité avec les ambitions de la France en matière d’écologie. En 2015, alors ministre de l’Économie, il avait affiché son soutien à ce projet. Le ministre de la Transition écologique et solidaire lui aussi a indiqué que le projet n’est pas réalisable en l’état.

Pourtant, alors que l’échéance des élections européennes se rapproche et que le gouvernement cherche à verdir son image, il est tout à fait possible qu’il ne s’agisse là que d’une manière de gagner du temps en reportant cette décision à l’après-élections. Pire, il pourrait s’agir d’une manière d’introduire une réforme du code minier, dans l’optique de faciliter l’implantation d’un projet comme Montagne d’or. Cette réforme est nécessaire, mais certainement pas au détriment de l’environnement, tout comme est nécessaire l’interdiction du cyanure dans l’exploitation minière aurifère et argentifère. Avec le Groupe communiste, républicain, citoyen et écologiste, j’ai déposé en mars 2019 une proposition de loi en ce sens.

Fabien Gay
sénateur