Vu des Bouches-du-Rhône

L’année 2020 sera pour les communistes des Bouches-du-Rhône une année singulière. Nous commémorerons (et célébrerons) le centenaire de la naissance de notre parti. Tours, 30 décembre 1920… La scission du socialisme français, rassemblé en un seul parti depuis 1905, était consommée. À dater de ce jour, une organisation – et bientôt un courant politique et une tradition, « le communisme » (distinct dès lors du « socialisme ») – allait contribuer à façonner une réalité politique, sociale et culturelle française (et internationaliste).

Intégré dans le cadre central de notre organisation (« Cent ans d’avenir »), nous entendons, à l’occasion de ce centenaire, revisiter l’histoire (et les mémoires) du PCF ; mais, nous l’avouons sans détour, nous irons chercher dans le passé quelques réponses aux problèmes du présent. Tant il est vrai que l’histoire, ici comme ailleurs, demeure fidèle à elle-même : la fréquentation du passé (nous) aide à dégager l’originalité du présent.

Sans pouvoir entrer pleinement dans le programme complet de nos initiatives départementales qui sera finalisé dans les semaines à venir, voici quelques grandes lignes des projets que nous avons prévus afin d’inscrire cet anniversaire dans les mémoires (et les consciences) militantes et citoyennes de notre département.

Deux rendez-vous, placés en décembre 2020, sont d’ores et déjà positionnés dans le paysage de notre centenaire.

Une soirée d’études départementale, d’abord, située au sein d’une université populaire, sera organisée à Marseille. Articulant approche nationale (une coopération avec la revue Cause commune et avec « Ciné-archives » est prévue à cet effet), et régionale (avec l’association « Provence mémoire et monde ouvrier »/Les amis du Maitron), ces deux temps de débats permettront de rappeler, notamment, la contribution de notre parti aux grandes conquêtes sociales et démocratiques de notre histoire.

Les aspects culturels seront ensuite, également, au rendez-vous lors de notre traditionnel « Noël de la Culture » qui pourra mettre au cœur de ses journées, en les retraçant, quelques parcours croisés de l’art et du Parti communiste : « Lire en communiste », cinéma militant (puiser là-aussi dans les ressources de « Ciné archives »), expériences théâtrales prolétariennes et révolutionnaires, exposition présentant notamment cent ans d’affiches communistes originales, puisés dans le fond des archives fédérales, ainsi que les œuvres d’Antoine Serra...

Afin de déployer des initiatives au plus près de l’histoire spécifique (et des perspectives) des communes du département, chaque militant sera invité à faire vivre cette année de rayonnement de notre parti aussi dans sa section. À ce titre, la section de Roquevaire se prépare à organiser une exposition, et à éditer une brochure, « Militants communistes dans le bassin minier de Provence », qui permettra de mettre en valeur la documentation recueillie depuis plusieurs années par Francis Pélissier (archives privées de cet ancien mineur-géomètre) et Gérard Leidet (dans le cadre de ses recherches pour le Maitron,), l’ensemble étant coordonné par Frédéric Rays, secrétaire de la section. Au-delà, nous appelons toutes les sections des Bouches-du-Rhône à ouvrir leurs locaux pour des initiatives politiques, culturelles et festives, ancrées dans les réalités de nos territoires, et tournées vers le plus grand nombre de nos concitoyens.

Au cours de cette année que nous espérons très riche, rassembleuse et fédératrice, un « moment internationaliste », initié par les instances nationales du PCF, pourrait avoir lieu à Marseille. La cité phocéenne, qui fut au cœur des luttes contre les guerres d’Indochine et d’Algérie, constituerait, selon nous, le lieu idéal pour évoquer les thématiques telles que « Le PCF et les guerres coloniales ». À cet égard, un projet articulé, adossé aussi aux recherches actuelles menées par un jeune historien de l’université Aix-Marseille (Fabien Bénezech) qui travaille sur ces questions, permettra d’élargir nos horizons (ceux d’une histoire parfois trop « nationale ? »), et proposer ainsi quelques échappées vers les projets politiques communistes qui furent mis en œuvre des deux côtés de la Méditerranée, et au-delà…

Sur le plan éditorial, enfin, un ouvrage collectif, en partenariat avec l’association PROMEMO/« Les amis du Maitron » verra le jour fin 2020. Il sera centré sur le rôle historique des militant·e·s dans le mouvement communiste, là où « il n’est de richesses que d’hommes et de femmes ». En effet, comment effectuer l’histoire du Parti communiste sans savoir qui relaie les idées, implante le Parti et les organisations de la « périphérie communiste », anime les grèves et participe aux congrès ? Considérant les militants comme les acteurs majeurs de la vie sociale et politique, nous allons nous interroger sur leurs biographies et leurs itinéraires. Cet ouvrage pourra établir le cadre privilégié pour observer les rapports entre le « personnel » et le collectif, entre la biographie et l’histoire sociale. A ce titre, les mots de l’historienne Michelle Perrot à propos du Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, peuvent être transférés au cœur de l’histoire du communisme français « parcouru [lui aussi] par un sens de l’histoire dont le mouvement ouvrier serait porteur, une croyance aux masses, à la base, aux vertus de l’effort accumulé, des sacrifices répétés, des actes additionnés dont la confluence changerait un jour le cours des choses... » Ce livre pourra constituer ainsi une invitation à partir à la recherche de celles et ceux dont le souvenir est parfois effacé ; à aller à la rencontre de tous ces militant·e·s de l’égalité sans lesquels nos idéaux démocratiques et sociaux n’auraient jamais vu le jour. Mais il pourra servir, dans le même temps, nous l’espérons avec ferveur, le.s militantisme.s d’aujourd’hui µ

Gérard Leidet, P/o le collectif « Centenaire du PCF/Bouches-du-Rhône ».