Le constat est partagé dans le monde entier, les Jeux Olympiques de Paris sont réussis. Ce fut surtout une grande fête populaire : « quinze jours heureux » portant haut l’idéal de paix dans un contexte national et international très tendu. Nous ne devons pas bouder ce parfum de bonheur. C’est aussi le fruit d’un combat politique.
Depuis les années 80, le PCF a toujours plaidé pour la candidature de Paris avant même qu’elle soit reprise et défendue par d’autres formations politiques et la ville de Paris. Plutôt que d’adopter une posture d’opposition systématique, comme certains à gauche, et renoncer à la capacité à changer les choses, nous avons relevé le défi d’organiser des jeux populaires.
Certains avaient des doutes légitimes sur les conditions d’accueil et sur l’écart entre les valeurs olympiques et l’emprise du capitalisme sur le sport. Paris a été incontestablement un tournant dans l’histoire des Jeux, un souffle nouveau.
Pour la première fois la cérémonie d’ouverture a rompu avec les codes du stade fermé en naviguant sur la Seine, mettant en lumière Paris et un contenu culturel progressiste qui a mis KO l’extrême droite et enchanté des milliards de téléspectateurs. Pour la première fois, les Jeux sont à parité, l’aboutissement d’un combat féministe initié par Alice Milliat qui a été mise à l’honneur avant chaque compétition. Pour la première fois, une charte sociale a été signée pour protéger les travailleurs sur les chantiers des Jeux, l’aboutissement d’un long combat syndical. Pour la première fois, « un marathon pour tous », gratuit sur tirage au sort, a permis à 40 000 participants de faire le marathon olympique sur les pas des femmes révolutionnaires qui sont allées chercher le Roi à Versailles en 1789. Plus de 2 millions de personnes ont pu profiter des espaces d’animations gratuites où les épreuves étaient retransmises sur des écrans géants. Toutes les épreuves sur route gratuites, à l’image du cyclisme dans les rues de Paris, ont réuni une foule compacte couronnant cette fête populaire. Et enfin, les épreuves de triathlon ont pu avoir lieu dans la Seine propre et baignable, le symbole d’une reconquête après de longues années de dépollution.
Ces succès sont au coeur de nos combats, il est important pour la gauche de les revendiquer, et ne pas laisser Emmanuel Macron récupérer dix ans de travail de la ville hôte.
Si demain le Nouveau Front populaire est amené à gouverner, le premier dossier du ou de la ministre des Sports sera l’héritage de ces Jeux : transformer « ces jours heureux » en mesures concrètes et pérennes. D’abord, il faut prendre des mesures d’urgence pour que les associations sportives puissent accueillir correctement les nouveaux adhérents dès la rentrée. Pourquoi ne pas lancer un fonds exceptionnel Paris 2024 afin d’aider les clubs et les collectivités face aux nouvelles demandes ? Pourquoi ne pas décréter dès la rentrée la mise en oeuvre de 4 h d’EPS dans tous les établissements scolaires ? Pour cela, le NPF devrait vite lancer un plan de rattrapage des équipements sportifs et consacrer 1 % du budget de la nation au développement du sport.
Nicolas Bonnet Oulaldj
Article publié dans CommunisteS, N°1006, 21 août 2024.