L’Enseignement supérieur et la Recherche publique sont en danger.
Près de 4 universités sur 5 ont terminé l’année en déficit. Pour dénoncer cette situation on assiste à un réveil des mobilisations au sein des universités et, pour la première fois, les présidences universitaires se sont mobilisées pour pousser un cri d’alarme qu’il faut entendre. À Reims, l’université va réduire les moyens des laboratoires et reporter des projets de rénovation énergétique ; à Avignon ou à l’université Clermont Auvergne on prévoit de fermer des formations, de réduire le nombre d’étudiants, et des fermetures de sites universitaires délocalisés sont évoquées à l’université de Franche-Comté. Étrangler ces budgets implique le sacrifice de l’avenir du pays, comme l’a justement rappelé Fabien Roussel dans un courrier adressé à l’ensemble des présidents d’universités.
Cette crise dépasse largement le cadre budgétaire. Elle s’additionne à des lignes de ruptures profondes, où la pensée scientifique est de plus en plus remise en cause au profit de discours irrationnels. Une majorité de Français remet même en question l’indépendance des scientifiques et se méfie de leurs paroles à des niveaux préoccupants. Ce n’est donc pas seulement l’avenir de la recherche qui est en jeu, mais celui de toute notre capacité collective à répondre aux défis écologiques, économiques, sociaux et démocratiques. Nous sommes face à un choix de société.
Il est possible de se saisir de ces questions en dénonçant avec clarté l’enseignement supérieur privé lucratif, puisque plus de 25 % des étudiantes et étudiants se tournent désormais vers lui (avec l’aide des plateformes de sélection comme Parcoursup) ; mais aussi en dénonçant les 7,7 milliards d’euros versés sur la seule année 2024 aux grandes entreprises par le Crédit impôt recherche. Ce CIR est le même qui a été versé à Michelin (à hauteur de 55 millions d’euros) ou à Sanofi (150 millions d’euros par an) pour les résultats tragiques que nous connaissons. Il existe une manne financière énorme, mobilisée comme cadeau fiscal, qui devrait financer directement le service public.
Sans se limiter à la réaction, il est crucial de porter un projet ambitieux, une alternative communiste pour l’ESR. C’est pourquoi nous défendons, par exemple, la création d’un statut du doctorat protecteur pour les jeunes chercheuses et chercheurs qui se traduirait par l’ouverture de nouveaux droits face à la baisse très inquiétante de leur nombre ; la défense d’un tiers temps recherche personnel pour les docteurs et docteures dans les services publics ou les entreprises privées bénéficiant d’aides de l’État, afin de valoriser leurs compétences ; ou encore le déploiement massif d’un plan de création de nouvelles universités et de centres de formation dans les zones rurales et périurbaines afin de donner accès aux savoirs et stimuler la recherche en dehors des grands pôles urbains.
Ainsi, à l’heure où le délabrement des universités françaises suscite une inquiétude grandissante, il est essentiel de placer nos propositions au centre du débat.
Nicolas Tardits
Article publié dans CommunisteS, numéro 1024 du 8 janvier 2025.