Une nouvelle vague de manifestations anti-Trump

Publié le 29 octobre 2025

Ce samedi 18 octobre, la société civile américaine s’est rassemblée pour la seconde itération des manifestations « No Kings », littéralement « Pas de rois ». Ce mouvement est soutenu par une grande diversité d’organisateurs ; il réunit des syndicats plutôt ancrés dans le service public et dans les États progressistes, des organisations satellites du Parti démocrate, des associations environnementales et de nombreuses autres associations à but unique (lutte contre le port d’arme, pour une assurance-maladie universelle, pour la défense des droits LGBTQ+…). C’est un succès, plusieurs millions de manifestants ont été recensés dans des milliers de villes, dont des petites et moyennes agglomérations. L’ambiance était détendue et joyeuse, d’abord parce que c’était la première occasion depuis longtemps pour la gauche américaine de se retrouver, mais surtout parce que tout autre comportement aurait été sévèrement puni.

L’assassinat du militant et influenceur républicain conservateur le 10 septembre 2025 a donné du grain à moudre à la lutte politique de Donald Trump. Le 22 septembre, la Maison-Blanche déclare par ordonnance présidentielle (executive order) qu’Antifa serait catégorisée comme organisation terroriste, autorisant ainsi l’utilisation de tous les moyens nécessaires pour démembrer et réprimer cette organisation. Un geste symbolique tout aussi important qu’Antifa n’existe pas au sens organisationnel du terme. Il n’y a pas de coordination structurée ni de sources de revenus régulières comme l’administration Trump aimerait le faire croire. Cette construction narrative de l’ennemi de l’intérieur permet à l’administration d’utiliser toutes les forces en son pouvoir pour réprimer les manifestations qui déraperaient un tant soit peu.

C’est donc tout l’enjeu pour la résistance de la société civile : organiser un mouvement social assez puissant pour peser dans le rapport de force, tout en se démarquant des actions qui peuvent être perçues comme trop radicales et réprimées comme telles. Mais le fond du problème est ailleurs.

Le problème majeur de la résistance à Trump, c’est qu’elle reste sans mot d’ordre. Son objectif est de capitaliser sur le rejet de Trump qui existe naturellement dans la société, tout en espérant que son impopularité progresse d’elle-même. L’alliance sociale qui constitue cette résistance ne peut pas proposer de projet alternatif qui ne soit pas un énième retour en arrière vers le Parti démocrate fossilisé. Ce n’est pas dû à un manque de volonté, mais d’intérêts de classe trop divergents au sein même de cette résistance.

Une opportunité de dépassement de ce blocage se présentera le mardi 4 novembre, la date de l’élection municipale de la ville de New York. Le candidat socialiste Zohran Mamdani est bien parti pour remporter la ville. Sa victoire lors de la primaire et son avance notable dans les sondages démontrent la popularité de ses propositions sociales : le développement sans précédent de logements sociaux, l’augmentation du salaire minimum, l’universalité du service municipal de garderie… Cette victoire se fera après le maintien provocateur de son adversaire démocrate, déchu de la primaire et ancien gouverneur de l’État, Andrew Cuomo. Ce fait n’est pas anodin, Zohran incarne l’unité et la combativité de la classe travailleuse newyorkaise, mais il est en plus vu comme le pourfendeur du conservatisme démocrate dans ses plus hauts rangs. Espérons que sa stature de maire lui donne l’occasion d’approfondir cet héritage fragile et d’unir un espoir par-delà sa ville autour d’un projet social transformateur et universel.

Alec Desbordes,
membre de la commission des Relations Internationales

Article publié dans CommunisteS, numéro 1060 du 29 octobre 2025.