Service public de l’audiovisuel : non au holding up !

Publié le 23 mai 2024

Le 14 mai dernier, la commission des Affaires culturelles a adopté la proposition de loi relative à la « réforme de l’audiovisuel public et à la souveraineté audiovisuelle ». Ce texte prévoit la création de la holding « France Médias » en janvier 2025 qui préparerait la fusion de l’ensemble des sociétés de l’audiovisuel public en janvier 2026, à l’exception de France Médias Monde.

La précipitation avec laquelle le gouvernement est en train d’opérer ressemble à un hold-up, comme s’il s’agissait de mettre tout le monde devant le fait accompli. Notre service public de l’Audiovisuel n’a pas besoin d’être maltraité, il faut en prendre soin.

Avec son projet, dont plusieurs anciens ministres de la culture et de la communication ont dit toute l’aberration qui le caractérisait, le gouvernement recrée une ORTF sous tutelle. Il veut à la fois faire des économies et imposer son autorité, c’est-à-dire les mettre au pas, comme en témoigne le sort annoncé à Guillaume Meurice. Cette tendance autoritaire qui se manifeste dans tous les domaines de son action et cette volonté de déterminer lui-même le champ de ce qu’il est permis de dire dans le débat public, pouvait-elle ne pas se traduire pour ce qui est de l’information et des médias publics ? Ce projet de loi apporte une réponse brutale à cette question. 

Avec cette réforme, c’est la diversité éditoriale des antennes de l'audiovisuel public qui est menacée ainsi que la spécificité des antennes radios et télévisuelles. C’est aussi sa capacité à innover et à relever les défis des mutations à l’œuvre, sa capacité embrasser le réel, sa capacité à couvrir l’actualité des territoires et le mouvement du monde qui est en cause. C’est l’ambition même d’un service public qui, par la diversité de ses propositions tient en respect les grands médias privés, de plus en plus concentrés et sous influence, qui est en jeu. S’il faut se garder de l’idéaliser, le service public de l’audiovisuel est l’une des garanties du droit à l’information, l’un des vecteurs d’une création culturelle de haut niveau. Dans ce paysage médiatique inquiétant, qui est l’une des données de la santé démocratique du pays, la puissance publique doit être à la hauteur des enjeux. Il faut lui en donner à la fois la latitude et les moyens. La suppression de la redevance nous avait sur la voie : il s’agit de ne lui donner ni l’un ni l’autre. Et la fusion des rédactions nationales de France Télévisions a déjà liquidé les JT nationaux de France 3 et la fusion en régions affaiblit la production originale de chaque antenne. Or, nous avons besoin de pluralisme médiatique dans le service public de l’audiovisuel. C’est sa force. Et c’est une force pour la démocratie. 

Les syndicats de Radio France et France Médias Monde ont déjà lancé un appel à la grève pour les 23 et 24 mai. Le Parti communiste leur apporte son soutien.

Nous appelons au développement d’une politique publique porteuse d'une grande ambition de service public créatif et diversifié, inscrite dans une ambition démocratique et culturelle à la mesure des enjeux.

Pierre Dharréville, député des Bouches-du-Rhône, Responsable de la commission Culture au PCF,

Le 23 mai 2024.