Emmanuel Macron sur les lycées professionnels : une logique à courte vue !

Publié le 04 mai 2023

Les annonces du président de la République masquent mal une vision étriquée de l’enseignement professionnel qui n’aurait pour seule vocation que de fournir au patronat la main-d’œuvre dont il a besoin, et qu’il peine à trouver faute de garantir des contrats, des conditions de travail et un salaire acceptables.

L’apprentissage d’un métier en est réduit à l’apprentissage de gestes techniques, la carte des formations se réduit à la seule réponse aux besoins patronaux qui par ailleurs ne seront plus les mêmes dans 10 ans.
Quelle vision étroite de ces métiers essentiels qui, comme l’ensemble de notre appareil productif, évolue et doit se transformer pour relever les défis de notre temps !
Quelle vision étroite de l’avenir, quelle vision étroite de la jeunesse à qui nous devons donner les clés pour relever les défis qui sont devant nous !

Ce que propose le président de la République est le retour aux années 50 : pousser vers le monde du travail les élèves les plus en difficulté, sans apporter de réelle solution au défi de la démocratisation des savoirs, quitte à ce que l’État et non les entreprises rémunère les stages, pour fournir au patronat une main d’œuvre peu formée et mal payée.
Pourquoi ne pas décider enfin d’une allocation d’autonomie pour tou·tes les jeunes qui ne dévaloriserait pas le temps de classe par rapport au temps de stage?

Mais en réalité, cette vision adéquationniste de la formation professionnelle avec les besoins patronaux est déjà en échec. Il existe des milliers d’emplois vacants et des pénuries de formation alors qu'un chômage important perdure, ainsi que des énormes gâchis humains à l'école.
L’enseignement professionnel s’est vu confisqué 30% du volume horaire de formation depuis 2017, une année de formation pour les élèves. Ils devraient maintenant faire davantage de stages en entreprises, forcément au détriment de l’enseignement de savoirs qui feraient d’eux des citoyen·nes en capacité de comprendre le monde, et d’agir par eux-mêmes dans leur vie et leur futur métier.

C'est avec cette logique à courte vue qu’il faut rompre. Elle ne répond pas aux besoins d'aujourd'hui, à ceux d'une société en constante évolution, face à des défis de savoirs et de techniques, face aux besoins de la réindustrialisation et à la nécessité de nouveaux métiers par exemple liés aux questions environnementales et à l’accompagnement des personnes.
Il faut avoir au contraire l'ambition d'offrir à chaque jeune une formation initiale professionnelle de haut niveau et de proximité permettant à chacune et chacun de choisir son avenir, au sein des lycées professionnels publics.
Il n'y a pas d'autre voie pour former des travailleur·ses qualifié·es, acteur·rices de leur travail, dont notre pays a besoin. Il n’y a pas de formation continue, tout au long de la vie et d'évolution professionnelle possibles sans une formation initiale solide.
L’ambition de l’élévation du niveau de connaissance de toute une classe d’âge ne peut exclure les élèves de lycées professionnels qui représentent plus de 40% des lycéen·nes.

Il faut donc des moyens nouveaux pour les lycées professionnels et revenir à quatre années de formation pour préparer le baccalauréat. Il faut donner du temps aux élèves, pour apprendre, se former, acquérir les savoirs qui en feront des citoyen·nes libres.

Il faut faire le bilan de la régionalisation et du pilotage de la carte des formations. Loin de garantir un maillage fort des formations, les régions accompagnent l'orientation vers les besoins des employeurs, et doivent dans le même temps pallier le désengagement de l’État.

Le PCF propose un grand plan de recrutement de 90 000 enseignant·es et une revalorisation des métiers de l’éducation qui passe par de véritables hausses de salaires, la revalorisation du point d’indice, une véritable formation initiale des enseignant·es, du temps et des conditions de travail acceptables pour exercer le métier qui est le leur.

Le 4 mai 2023
Le Parti communiste français