À l’initiative des sections locales de la côte basque du PCF 64, un débat public de haut niveau a été organisé le 3 mai à Bayonne sur le thème : « Mal Logement : quels diagnostics, quelles solutions ? »
Ce débat a rassemblé plusieurs acteurs importants du logement sur la côte basque, sur le territoire de la Communauté d’Agglomération Pays Basque (158 communes et 300 000 habitants) ou du département des Pyrénées-Atlantiques (545 communes et 680 000 habitants). On comptait notamment : Jean-René Etchégaray, président de la CAPB et maire de Bayonne ; Lausséni Sangaré, directeur général d’Habitat Sud Atlantic, président du directoire de l’Office de l’habitat du Pays basque ; Xebax Christy, coprésident de l’association ALDA («changer», en basque) ; Denis Luthereau, de la Fondation Abbé-Pierre ; Iñaki Echaniz, député PS de la 4e circonscription du 64, et enfin Ian Brossat, sénateur PCF, président du groupe communiste parisien et ancien adjoint au logement et à l’hébergement d’urgence, auteur de Paris n’est pas à vendre. Ce débat était conduit par Anne Saouter, anthropologue, adjointe aux Affaires sociales à la mairie d’Oloron (64), vice-présidente à la Communauté de communes du Haut-Béarn, candidate sur la liste « Gauche unie pour le monde du travail », et par Nicolas Tardits, doctorant, attaché temporaire d’enseignement et de recherche, université de Paris-Nanterre.
La question du logement est cruciale.En France, 330 000 personnes sont à la rue, dont 3 000 enfants, et on note une augmentation de 7 % des demandes de logement social. La liste d’attente est longue et les délais dépassent parfois les limites du raisonnable. Plus de 2,6 millions de personnes attendent un logement social. Dans les régions touristiques comme les nôtres, il devient de plus en plus difficile pour les habitants, les jeunes travailleurs en particulier, de trouver à se loger, en raison de la transformation de logements en meublés touristiques aux loyers démesurément plus élevés pendant les saisons. C’est sans doute en partie pour cela que le public avait répondu présent nombreux à ce débat, avec plus de cent-vingt participantes et participants.
Mais, alors que 70 % des Français sont normalement éligibles au logement social, l’offre est largement insuffisante et est loin d’atteindre les objectifs fixés par la loi SRU (Loi Gayssot) depuis plus de 20 ans. 2023, dans les communes entrant dans son champ d’application, 54 % sont déficitaires et n’atteignent pas les taux de 20 % ou de 25 % en zone tendue. L’État se désengage, avec une nette accélération ces dernières années avec les gouvernements Macron : désengagement financier dès le premier quinquennat, de la TVA sur la construction de logements sociaux (passée de 5,5 % à 10 %), réduction du loyer de solidarité. qu’entre 2018 et 2020, la Cohésion des territoires a perdu plus de 4 milliards d’euros.
Ce 3 mai, le gouvernement a présenté son projet de loi pour « développer l’offre de logements abordables ». Le texte, examiné à partir de juin au Sénat, prévoit de « simplifier » des édures administratives, d’« assouplir » la loi SRU, et d’apporter de « nouveaux outils » aux maires. Cinq principales associations de locataires HLM ont fortement critiqué « un projet de loi qui fait la chasse aux pauvres » : communes en retard sur les objectifs de logements sociaux pourront combler une partie de leur retard avec des programmes de logements intermédiaires. Or, ce n’est pas en substituant le logement intermédiaire au logement social qu’on va résoudre le problème…
Pour la première fois, la CAPB a partagé le travail de diagnostic fait pendant deux ans avec les associations et un document-cadre fixe les objectifs de logement pour les six prochaines années sur la côte.Mais le logement est à la fois un combat et un marché, voire une rente. En France, 50 % du parc locatif est détenu par 4 % des propriétaires, et sur la Côte basque il existe 40 000 résidences secondaires et 10 000 logements ont été transformés en meublés de tourisme. Dans notre département, il manque au moins un million d’euros pour l’habitat populaire permanent : tout est menacé par l’obsession de la rente, même les fermes et les terres agricoles.
En conclusion de ce débat très riche - impossible à synthétiser en quelques lignes -, complété par de judicieuses interventions de la salle, Ian Brossat rappela que seules la résistance à ces dérives financières et la lutte la plus rassemblée possible ont permis et permettront d’engager une véritable solution à ce très lourd problème du logement populaire.
(Extraits du compte-rendu de Jean-Jacques Le Masson pour « Les Nouvelles des Pyrénées-Atlantiques »).
Article publié dans CommunisteS, numéro 997 du 22 mai 2024.