Il était une fois le colonel Fabien - Une série historique de Gérard Pellois (Épisode 2)

Publié le 29 janvier 2025

Le 18 juillet 1936, Franco dirige une rébellion militaire et fasciste contre le peuple espagnol qui vient de faire le choix du « Frente popular ». Il recevra l’appui militaire et financier d’Hitler et de Mussolini.

Maurice Thorez, en août 1936, déclare en parlant de ces gouvernements fascistes : « Ils veulent encercler la France. (...) Cette préparation de guerre souligne la trahison de Français partisans d’Hitler qui, ici, crient à une prétendue neutralité... ». Léon Blum prône la non-intervention. La solidarité s’organise, à l’initiative du PCF, de la CGT et du Secours populaire.

L’Internationale communiste décide de recruter des volontaires pour soutenir l’armée républicaine espagnole. Début septembre, le Comité antifasciste international, installé là où se trouve aujourd’hui le siège du PCF, recrute les premiers volontaires. Le 13 octobre 1936, le premier contingent arrive à Albacete, base des Brigades internationales, au sud-est de Madrid. Fin octobre, Pierre Georges s’engage et rejoint cette base, contre l’avis de son père et des directions du PCF et de la JC qui comptaient plutôt sur ses qualités d’organisateur et de meneur, en France, en cette période d’effervescence sociale.

Pierre a dix-sept ans, il a falsifié sa carte d’identité. André Marty, inspecteur général des Brigades internationales, refuse de l’envoyer au front parce que trop jeune, il en fait son garde du corps. Pierre intègre la quatorzième brigade nommée la brigade « Marseillaise ». Son frère Daniel l’y rejoindra un an plus tard.

Octobre 1937 : Pierre, affecté à l’état-major, a pour ordre de transmettre des instructions au bataillon pris sous le feu près d’Aranjuez (proche de Madrid). Presque tous les officiers de la compagnie sont tués ou blessés. Pierre prend le commandement, rassemble 250 hommes, contre-attaque et résiste jusqu’à l’arrivée des renforts. Son courage, son esprit d’initiative et ses qualités militaires vont le conduire à l’école d’officiers.

Novembre 1937 : Il accompagne Marty pour accueillir la treizième brigade. Dolorès Ibárruri est présente. Des rangs monte un appel : « Pierrot ! Pierrot ! ». Douze de ses camarades de la jeunesse ouvrière juive de « la Bellevilloise » sont là.

Janvier 1938 : Sorti aspirant de l’école d’officiers, il devient instructeur à l’école des sous-officiers. Il a dix-neuf ans et intègre la quatorzième brigade.

9 mars 1938 : Sur un front de 100 kilomètres en Aragon, Franco lance cinq corps d’armée pour couper en deux la zone républicaine. Les Messerschmitt et Stukas nazis appuient l’offensive. Côté républicains, cinq brigades sont engagées, dont la quatorzième, à Gandesa (Catalogne).

Les Républicains sont battus.

Le 19 mars, Pierre est gravement blessé au ventre, à la cuisse, au poignet. Marcel Sagnier, son copain d’usine à Villeneuve-Saint-Georges, qui commande la quatorzième brigade, l’élève au grade de lieutenant. Hospitalisé à Barcelone et atteint d’une pneumonie, Pierre est rapatrié en France en août 1938.

Madrid et Barcelone tombent en mars 1939, les Brigades internationales quittent l’Espagne au mois d’août. La marche vers la guerre mondiale qu’évoquait Thorez en 1936 se confirme.

Article publié dans CommunisteS, numéro 1027 du 29 janvier 2025.