Il était une fois le colonel Fabien - Une série historique de Gérard Pellois (épisode 8)

Publié le 12 mars 2025

Après la libération de Paris, le colonel André (Albert Ouzoulias) pour les FTP et le colonel Rol-Tanguy pour les FFI demandent à Fabien de rassembler un millier de combattants, pour « nettoyer » et entrer rapidement en relation avec l’armée américaine afin d’en assurer les arrières dans l’Aisne et rejoindre le front près de Metz (57) où elle est en difficulté.

Le 1er septembre, il rassemble 500 combattants venus des barricades, sans casque, sans tenue, sans chaussures dignes de ce nom, avec des armes récupérées à l’ennemi. Fabien réquisitionne bus et camions, malgré l’opposition du général Koenig, parachuté - si l’on peut dire - gouverneur militaire de Paris par de Gaulle à la veille de la libération de Paris. Il n’a connu ni la guérilla, ni les maquis. Défenseur zélé de l’ordre de dissolution des FFI prononcé par de Gaulle, il n’aura de cesse de mettre des bâtons dans les roues de ce qui va devenir le « 1er régiment de Paris » ou la « Brigade Fabien ». Le 3 septembre, rassemblés dans l’Oise, trois bataillons les rejoignent. Ils sont maintenant 1 500.
Avec des moyens logistiques dérisoires (essence, vêtements, vivres, argent…) le 9 septembre, Fabien entre en contact avec la 3e armée du général Patton. Le 12, la brigade est à côté de Metz (54) face aux lignes allemandes et est rattachée au 20e corps d’armée US. Le 15, sous le regard des caméras, elle est passée en revue par le général Walker « ...fier d’être en présence de l’élite de la nation française... ».

Les jours suivants la brigade reçoit le renfort de plusieurs compagnies et de FFI recrutés au passage. Dans ces renforts, un certain nombre d’individus anticommunistes n’ayant pas fait la Résistance se sont infiltrés. Trois d’entre eux sont jugés pour indiscipline, dont l’un, muté, se retrouvera responsable du dépôt de munitions en Alsace avec Fabien. La brigade compte maintenant 2 400 combattants dont quelques femmes et prend, le 25 septembre, le nom de « Groupe tactique de Lorraine » à la devise « Vaincre et vivre ».

Fin octobre, les Américains poursuivent leur route vers l’Allemagne, les liens avec le GTL sont rompus. Le général Walker et de nombreux cadres américains adressent leurs témoignages et gratitudes à Fabien et au ministère français de la Guerre. L’autorité de Fabien ne sera plus contestée.
Le 10 décembre, à Vesoul (70) le général de Lattre de Tassigny, qui commande la 1re Armée, inspecte les hommes de Fabien. Le but de Fabien de « constituer en combattant une unité de l’armée française » se rapproche après trois mois de glorieux combats. Le GTL devient la « 1re brigade de Paris », elle est intégrée à la 1re Armée, en difficulté en Alsace. Le 13 décembre, Fabien est à Habsheim (68) où il installe son P.C. à la mairie.

Le 27 décembre 1944, vers 18 h 30, Fabien demande à l’armurerie de lui fournir des mines destinées à une opération la nuit même. Ces mines que Fabien connaît bien sont normalement désamorcées. Fabien demande à ce qu’on lui en dépose une sur son bureau pour en expliquer le fonctionnement. Il se rend à la popote et revient à 21h20. Quand il ouvre la boîte, la mine explose. La mairie est en partie dévastée. Neuf blessé-e-s, le colonel Fabien, le colonel Dax-Pimpaud, Gilberte Lavaire (Nicole) et le capitaine Lebon sont tués, le capitaine Katz décédera quelques jours plus tard.

Les autres mines, pièces à conviction, sont détruites, le commandant de l’armurerie, le soldat chargé de porter la bombe ont disparu. L’enquête officielle est rapidement close et le dossier a disparu. Qui a tué Fabien, celui qui aurait pu être le premier général communiste ?

Article publié dans CommunisteS, numéro 1033 du 12 mars 2025.