Lactalis, leader mondial des produits laitiers, a annoncé la réduction de sa collecte de lait de vache français de 9% d’ici à 2030, soit 450 millions de litres de moins. Cette annonce acte la réduction des livraisons françaises dans les approvisionnements du groupe et un risque accru de mise en concurrence européenne voire internationale des producteurs de lait de vache. Et comme si cela ne suffisait pas, nombre de producteurs pourraient se retrouver sans débouché pour écouler leur production, ce qui présage une sélection des exploitations collectées où les plus petites unités de production pourraient se retrouver écartées.
Le Parti communiste français s’inquiète fortement de cette décision qui témoigne du poids pris par les multinationales de l’agroalimentaire. Ainsi, si des groupes comme Lactalis toussent, c’est toute la filière qui s’enrhume. Issue d’une trajectoire de concentration capitalistique des entreprises de collecte et de transformation de lait, le groupe Lactalis a su se rendre incontournable dans le paysage agricole français.
Telle est l’une des manifestations du développement du capitalisme agraire qui soumet les agriculteurs et les agricultrices aux désidératas de l’agrofourniture, de l’agroalimentaire et de la grande distribution. Le développement de grands groupes monopolistes place nombre de producteurs dans un état de quasi sujétion à l’aval des filières, qu’il s’agisse de l’élaboration de cahiers des charges, de la formation du prix payé au producteur ou, comme l’illustre le cas Lactalis, des volumes demandés. En effet, que pèsent les quelques 390 000 exploitations agricoles françaises face à un nombre réduit de grands groupes qui cherchent à capter la valeur ajoutée créée par le travail des chefs d’exploitation et salariés agricoles ?
Il est grand temps d’insuffler de nouveaux rapports de force au sein des filières agricoles. Bien que de moins en moins nombreux, les agriculteurs ont tout intérêt à s’unir pour peser dans les négociations commerciales. A cet effet, les organisations de producteurs (OP) et associations d’organisations de producteurs (AOP) constituent un échelon structurant. Ces OP et AOP devraient être davantage encouragées, d’où l’intérêt d’augmenter le budget des programmes opérationnels de la Politique agricole commune. En parallèle, tout contournement des organisations de producteurs devrait faire l’objet de sanctions financières.
Les communistes défendent également la mise en place de conférences permanentes territoriales, qui associeraient les organisations de producteurs et le secteur de la coopération agricole aux côtés de représentants des travailleurs et des employeurs de l’agroalimentaire et de la grande distribution, mais aussi de l’Etat et de la société civile. Ces instances seraient l’occasion de dépasser le cadre concurrentiel des négociations commerciales pour décider démocratiquement du prix payé au producteur, mais aussi des volumes produits en tenant compte des capacités de production agricole, de stockage, de transformation et de distribution, et ce production par production en intégrant les spécificités de chaque bassin de consommation. Cette planification démocratique des besoins permettrait une gestion de long terme, la sécurisation des débouchés des exploitations agricoles, la pérennisation d’outils de production agroalimentaires ainsi que l’approvisionnement régulier de la grande distribution et de la restauration collective tout en visant l’excellence sanitaire, nutritionnelle et environnementale.
Ainsi, la structuration de filières destinées à assurer la souveraineté alimentaire de la Nation constitue l’une des pierres angulaires de la Politique agricole et alimentaire défendue par les communistes pour permettre à tout citoyen et toute citoyenne de manger sain et à sa faim.
Parti communiste français
Paris, 2 octobre 2024