La musée

Publié le 08 janvier 2025

Eugénie Dubreuil est artiste (elle a un atelier dans le 13e arrondissement de Paris)… et communiste (adhérente depuis 1967).

Elle a longtemps enseigné les arts plastiques et arpenté les salles de vente, notamment Drouot. Un jour qu’on dispersait les œuvres d’Apollinaire, elle tomba sur un dessin de Marie Laurencin, qu’elle acheta. Une nouvelle vie commence alors pour elle : elle collectionne les œuvres de femmes. La journaliste Zineb Dryef note : « Au cours des 25 dernières années Eugénie Dubreuil a été troublée par la marginalisation des créatrices. Ces œuvres auxquelles elle s’est attachée, elle ne les voit ni dans les musées, ni dans les livres d’art. C’était comme si elles n’avaient jamais existé. »

« Je n’avais pas un choix énorme, ajoute Eugénie Dubreuil, parce que je choisissais en fonction du prix, de 100 à 300 euros ; c’est arrivé que je paye un peu plus cher mais ensuite je devais faire attention. » Prit forme une collection, qu’elle présenta parfois avec ses propres toiles, et qu’elle appela « La Musée ». Elle cherchait un lieu pour l’exposer et décida d’en faire don à un musée. La tâche s’avéra compliquée (elle essuya plusieurs refus). Mais elle a finalement réussi : 300 œuvres sur les 523 assemblées ont été acquises par le Musée Sainte-Croix à Poitiers. On y trouve des œuvres graphiques, des estampes, des photographies, des miniatures, « ces genres dits mineurs auxquels ont été cantonnées les femmes », dit Camille Belzeve, conservatrice. Certaines sont signées de Marie Laurencin, Rosa Bonheur, Berthe Morisot, Suzanne Valadon, Niki de Saint-Phalle. Les plus anciennes datent du 17e siècle : une série de 24 gravures au burin. L’exposition « La Musée » est à voir jusqu’au 18 mai 2025 au Musée de Poitiers.

Article publié dans CommunisteS, numéro 1024 du 8 janvier 2025.