La petite histoire du siège du PCF Première phase de la construction (6)

Publié le 15 février 2023

Oscar Niemeyer aura carte blanche pour la construction du siège du PCF. Comme en écho du Comité central d’Argenteuil (mars 1966) sur la liberté de création : « Les communistes sont plus que jamais convaincus que la création artistique, le partage de l’imaginaire et de la sensibilité sont indispensables à tous pour faire vivre la démocratie, penser l’avenir et construire le changement. »

Bien que Niemeyer fasse cadeau de ses honoraires, l’opération reste coûteuse. La vente d’immeubles anciens, un prélèvement sur le budget pendant quelques années, une première souscription qui avait déjà rapporté 1 500 000 F (≈ 1 200 000 €) vont permettre de lancer les travaux.

Un prétendu plan d’élargissement du boulevard de la Villette, qui n’a jamais eu lieu en fait, oblige Oscar Niemeyer à resituer entièrement son projet sur un espace amputé de 1 200 m2.

Il décide d’implanter le bâtiment dans la partie haute du terrain « ...qui, situé à côté de son voisin (immeuble HBM), libère le terrain, et sa propre architecture ». Les lignes courbes du bâtiment dégagent l’espace nécessaire aux accès verticaux (ascenseurs, gaines, fluides, etc.). Et son projet répond « à l’exigence d’un immeuble bien protégé avec des entrées discrètes et facilement contrôlables ».

Ici Oscar Niemeyer innove : « J’ai situé alors le bâtiment à 1,50 m au-dessus du sol, en créant le système de plans inclinés... qui a permis le grand hall enterré, facilement accessible (…), le foyer de la classe ouvrière. » L’un de ses compatriotes parlera d’une « architecture samba qui veut se détacher du sol, envahir les airs... un message brésilien. »

La construction commence en février 1968. Dès les premiers travaux de terrassement, le chantier est interrompu. En creusant, les ouvriers découvrent un tunnel qui passe sous l’immeuble voisin. Une entreprise est diligentée : le sous-sol est littéralement inventorié. Plus de peur que de mal, tout danger est écarté, le chantier peut reprendre. Mais aux élections législatives de juin 1968, alors que le PCF récolte 20,14 %, il n’a que 7 % des sièges en raison du découpage électoral, perdant 39 député·e·s et un apparenté. C’est une perte financière sèche de trois millions de francs par an (≈ 2 400 000 €) puisqu’à l’époque le PCF conservait 4/5e du traitement de ses parlementaires, principe toujours en vigueur sous des formes différentes.

Le Parti ne peut renoncer à la poursuite des travaux « au risque d’une mutilation artistique ». Oscar Niemeyer fait des ajustements pour réduire les coûts ; décision est prise de scinder le projet initial en deux étapes.

Les travaux durent environ dix-huit mois, et le 2 août 1971, année du centenaire de la Commune de Paris, en l’absence de Waldeck Rochet, malade, c’est Georges Marchais qui inaugure le bâtiment.

La direction du Comité central, la documentation et les différents secteurs de travail s’y installent. Oscar Niemeyer fait cette remarque : « En France, on respecte davantage le travail de l’architecte. Quand le siège du PCF a été terminé, Jacques Duclos est venu me voir pour me demander s’il pouvait conserver, dans le nouvel édifice, un vieux bureau auquel il tenait beaucoup. »

Le premier Comité central dans les nouveaux locaux se tiendra les 30 novembre et 1er décembre 1971, dans ce qui est aujourd’hui la « salle des conférences ».

Une souscription de masse est lancée à la Fête de l’Humanité de 1971. « Elle devrait encore nous procurer de trois à quatre millions de francs » selon Georges Gosnat. Des rendez-vous de la souscription se tiennent dans le bâtiment et chaque adhérent à la possibilité de souscrire en achetant un timbre à l’image du siège.

Les travaux de la seconde étape reprendront en 1978. 

Gérard Pellois

 

Lisez l’ensemble des articles consacrés à l’histoire du siège du PCF

 

La petite histoire du siège du PCF – 1. Le « 120 » puis le « 44 »

La petite histoire du siège du PCF – Le choix de l’architecte (2)

La petite histoire du siège du PCF – Belleville, terre de la révolte (3)

La petite histoire du siège du PCF – Un bâtiment éminemment politique (4) 

La petite histoire du siège du PCF — Les constructeurs (5)

La petite histoire du siège du PCF Première phase de la construction (6)

La petite histoire du siège du PCF – Deuxième phase de la construction (7)

La petite histoire du siège du PCF – Revue de presse (8)

La petite histoire du siège du PCF – Le parvis, la coupole, le « foyer » (9)

La petite histoire du siège du PCF – Visite des 1er et 3e sous-sols (10)

La petite histoire du siège du PCF – Le 1er étage (11)

La petite histoire du siège du PCF – Du 2e au 4e étage (12) 

La petite histoire du siège du PCF – 5e-6e étages (13)

La petite histoire du siège du PCF – La terrasse (14)

La petite histoire du siège du PCF Le siège du PCF, un lieu de culture (15)

La petite histoire du siège du PCF – Les événements artistiques et culturels (16) (Expositions – Créations)

La petite histoire du siège du PCF - Les événements artistiques et culturels (18)

La petite histoire du siège du PCF - Bibliographies (19)