La petite histoire du siège du PCF — Les constructeurs (5)

Oscar Niemeyer est assisté par un groupe de constructeurs, le plus souvent communistes ou compagnons de route. Jean Nicolas, ancien déporté, architecte de formation, est le secrétaire général du Ve Congrès international d’architecture moderne (CIAM) de Paris en 1937. Membre de la commission « Architecture et urbanisme » du Comité central, il joue un rôle essentiel dans l’organisation des commandes municipales parmi les architectes communistes. Il contribuera à l’essor d’agences innovantes comme l’Atelier d’urbanisme et d’architecture (AUA) créé en 1960 par Jacques Allégret, qui œuvrera dans la « banlieue rouge ».

Jean Deroche, architecte, membre de la direction de l’UEC en 1956, s’investit dans son journal Clarté avec Paul Chemetov, puis dans la revue du PCF La Nouvelle Critique. Il rejoint l’AUA en 1962 et y forme un duo, très actif en banlieue, avec Paul Chemetov. Jean Deroche assiste Oscar Niemeyer avec lequel « très vite des points d’accord fondamentaux se sont dégagés (...), des liens très réels se nouaient entre nous. » Deroche se met « au service (du projet) en oubliant autant que faire se peut certaines de nos habitudes de penser et de faire » et « se forme à une nouvelle gymnastique (...), une architecture véritablement didactique. »

Paul Chemetov, diplômé de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts, intègre l’AUA en 1961. Il est une figure emblématique de la Seine-Saint-Denis par la construction de logements sociaux, d’équipements collectifs, la rénovation de quartiers... Tout comme Jean Deroche, il assiste Oscar Niemeyer dans la première tranche de la construction (1968-1971).

Jacques Tricot, communiste, est directeur du BERIM (Bureau d’études et de recherches pour l’industrie moderne), dont l’un des fondateurs en 1948 fut Raymond Aubrac. Pour le BERIM, le souci était de respecter les idées maîtresses d’Oscar Niemeyer. « L’essentiel de la recherche porte toutefois sur les difficultés... avec, d’une certaine manière, la tentative d’éliminer ces difficultés plus que de les résoudre. » Jacques Tricot sollicitera Jean-Maur Lyonnet pour assister Oscar Niemeyer pour la seconde tranche de la construction (1978-1980)

Jean-Maur Lyonnet, architecte communiste, est dirigeant CGT des bureaux d’architectes, de la fédération CGT du bâtiment. Il reprend le projet du Volcan du Havre, celui de la Bourse du travail à Bobigny, de même que celui de l’ancien siège du journal l’Humanité et la deuxième tranche du siège du PCF. Jean-Maur Lyonnet est le mandataire parisien d’Oscar Niemeyer.

Jean Prouvé, résistant, ferronnier d’art, est architecte. C’est à lui que l’on doit le système d’ouverture des ouvrants mais surtout cette façade en verre appelée mur-rideau qui donne tout son éclat au bâtiment, une technique qu’il avait déjà utilisée en 1937 pour la Maison du Peuple de Clichy. C’est lui qui réalise également les premiers éléments architecturaux préfabriqués, du mobilier, des maisons démontables...

Albert Giry, communiste, entré dans la Résistance à 14 ans, est maire-adjoint de Romainville, maître de conférences en physique, ingénieur en acoustique. Il œuvre également au Volcan du Havre et à la Bourse du travail à Bobigny

Jose Luis Pinho est un architecte brésilien choisi par Oscar Niemeyer. Celui-ci ne pouvait être en permanence sur le chantier et Jose Luiz Pinho le supplée pour transmettre le savoir-faire brésilien.

Athos Bulcão, peintre et céramiste brésilien, a toujours travaillé avec Oscar Niemeyer, depuis Brasilia à qui l’on doit les revêtements azulejos du bâtiment.

Deux autres architectes, Anastase Gattos et Joseph Daïdonne, sont également cités dans divers documents.

Sans oublier la vingtaine d’entreprises, les secrétariats et les centaines d’ouvriers associés à ce chantier.

Gérard Pellois

 

Lisez l’ensemble des articles consacrés à l’histoire du siège du PCF

La petite histoire du siège du PCF – 1. Le « 120 » puis le « 44 »

La petite histoire du siège du PCF – Le choix de l’architecte (2)

La petite histoire du siège du PCF – Belleville, terre de la révolte (3)

La petite histoire du siège du PCF – Un bâtiment éminemment politique (4) 

La petite histoire du siège du PCF — Les constructeurs (5)

La petite histoire du siège du PCF Première phase de la construction (6)

La petite histoire du siège du PCF – Deuxième phase de la construction (7)

La petite histoire du siège du PCF – Revue de presse (8)

La petite histoire du siège du PCF – Le parvis, la coupole, le « foyer » (9)

La petite histoire du siège du PCF – Visite des 1er et 3e sous-sols (10)

La petite histoire du siège du PCF – Le 1er étage (11)

La petite histoire du siège du PCF – Du 2e au 4e étage (12) 

La petite histoire du siège du PCF – 5e-6e étages (13)

La petite histoire du siège du PCF – La terrasse (14)

La petite histoire du siège du PCF Le siège du PCF, un lieu de culture (15)

La petite histoire du siège du PCF – Les événements artistiques et culturels (16) (Expositions – Créations)

La petite histoire du siège du PCF - Les événements artistiques et culturels (18)

La petite histoire du siège du PCF - Bibliographies (19)