Le procès dit «de Mazan» marque un tournant historique dans la lutte contre la culture du viol, le plus important depuis le procès d’Aix en Provence en 1978. Ce procès avait permis, en 1980, de criminaliser le viol. Les victimes et leur avocate Gisèle Halimi avaient été bousculées, insultées, menacées de mort. Leur sexualité avait été honteusement mise en cause.
46 ans plus tard, nous saluons le choix difficile de Gisèle Pélicot de refuser le huis-clos afin de permettre une conscientisation massive de la société sur ce qu’est la culture du viol et la violence qu’implique une démarche judiciaire, même avec des preuves.
Sous la pression des avocats de la défense, le huis-clos est restauré pour la diffusion des vidéos des viols. C'est un recul et la manifestation du déni. Ces vidéos sont pourtant les preuves, elles forment l'évidence selon les enquêteurs et les experts.
Nous apportons tout notre soutien, à Gisèle Pélicot, à ses enfants, sa famille, à toutes les familles meurtries, aux co-victimes.
La justice doit suivre son cours le plus sereinement possible, ce qui n’est pas permis par l’attitude honteuse de certaines avocates de la défense qui n'ont aucun respect pour la victime et tentent de transformer la victime en coupable ou de minimiser les faits en disant notamment "il y a viol et viol".
Non. Un viol est un viol.
Si le viol est reconnu comme crime, les chantiers sont immenses pour que justice soit rendue aux victimes, pour qu’elles soient protégées.
Ce procès met la société face à la réalité des violences sexuelles : des sites internet sans aucun contrôle, des monsieur-tout-le-monde et un danger intrafamilial massif.
Seul 1% des plaintes pour viol aboutissent à une condamnation. Il règne une impunité intolérable. La République française doit garantir aux victimes de violences sexuelles que leurs plaintes, leur démarche judiciaire soient une quête de justice et non une violence supplémentaire. Nous avons besoin d’un service public de la justice de qualité, à égalité sur l’ensemble du territoire, de former les professionnel·les aux mécanismes des violences sexuelles, de brigades et juridictions spécialisées.
Ce procès met également en avant le continuum des violences depuis l’enfance. Les expert·es évoquent de nombreuses violences sexuelles vécues dans l’enfance par nombre d’accusés. Leur prise en charge semble avoir été plus qu’indigente sinon inexistante.
Notre société a besoin d’une réelle mise en œuvre de l’éducation à la sexualité et aux relations affectives, d’un service public de la protection de l’enfance avec les moyens nécessaires, d'une sortie des schémas de l’industrie pornographique et prostitutionnelle dont les jeunes générations sont abreuvées. Ce sont à ces conditions que les femmes et les enfants pourront être protégé·es.
Les communistes font du combat contre toutes les violences sexuelles et sexistes une dimension majeure de leur combat émancipateur. Nous nous tenons aux côtés de Gisèle Pélicot et de toutes les victimes. Nous continuerons à suivre avec attention le déroulement du procès et attendons que justice soit rendue.
Parti communiste français
21 septembre 2024