Une nouvelle industrialisation de la filière automobile basée sur la coopération et la réponse aux besoins

Publié le 30 octobre 2024

En quelques décennies, les exigences de rentabilité sans fin s’imposent à l’industrie automobile française avec des conséquences sociales, sociétales et environnementales désastreuses.

Au nom de la réduction des coûts, tous les secteurs d’activités sont confrontés aux externalisations et délocalisations des activités industrielles et d’ingénieries. La mise en concurrence des salariés à l’échelle de la France et des autres pays européens a pour objet de conduire l’ensemble des salariés vers toujours plus de moins disant sociaux (salaire en baisse, conditions de travail dégradées…).

- Entre 2006-2021, la filière française perd près de 120 000 salariés, soit 40 % de ses emplois. En 20 ans, la production de véhicules particuliers en France de Renault et Stellantis est divisée par 3,76 (2,7 millions en 2000 à 735 000 en 2023) avec un seul véhicule fabriqué en France dans le Top 10 des ventes pour 2023.

- Les véhicules sont toujours plus puissants, plus lourds, plus chers et toujours plus inaccessibles. Leur prix de vente a augmenté de près à 50 %. Et l’électrification des véhicules n’a pas fracturé ce paradigme, au contraire !

- Ceci a pour effet de voir le parc automobile d’occasion français et européen continué à vieillir dangereusement : La part des voitures âgées de plus de 10 ans en Europe occidentale atteint désormais plus de 51,2 % en 2022. C’est particulièrement élevé dans les pays d’Europe du Sud, (presque 60 % en Italie). Dans les pays de l’Est, elle est de 77 % en moyenne et atteint même 81 % à la fois en Pologne et en Roumanie. Ajoutée aux fabrications délocalisées dans les pays à l’énergie carbonée, la baisse des gaz à effet de serre n’est pas pour demain.

- En 2023, la balance commerciale du secteur automobile est déficitaire de 23,9 milliards d’euros. Les fonds publics accordés sans conditionnalité au nom du soutien à la filière automobile sur la période 2020-2022 atteignent 5,8 milliards d’euros.

Nous avons besoin d’une nouvelle industrialisation de la filière automobile et de toute l’industrie, basée sur la coopération entre les différents acteurs locaux, nationaux et européens dans la perspective de répondre aux besoins des populations.

En ce sens, des droits nouveaux avec de réels pouvoirs décisionnels doivent être apportés aux organisations syndicales et aux populations pour que les dimensions sociales, sociétales et environnementales soient la matrice des choix de R&D, d’industrialisation et de financement des services publics.

La conditionnalité des aides publiques à la préservation et au développement de l’emploi, l’arrêt des délocalisations, la réindustrialisation du pays avec l’accès à des prêts publics à taux 0 %, l’amélioration des conditions sociales (salaires, conditions de travail, départs anticipés et retraite à 60 ans…), sont autant de sujets que le PCF portera dans sa campagne sur l’industrie et les services publics.

Fabien Gâche

Article publié dans Communistes n°1016 - 30/10/2024