Le corps de Philippine, 19 ans, a été retrouvé le samedi 21 septembre dernier à Paris. J'adresse tout d’abord toutes mes condoléances à sa famille, ses amis et ses proches. C'est toute la nation qui devrait unanimement condamner un crime d'une telle atrocité.
En France, une femme est assassinée tous les trois jours par son conjoint ou ex-conjoint. Les viols à l’image des terribles sévices vécus par Gisèle Pélicot et les féminicides ne sont pas des "faits divers". Ils sont le produit de violences faites aux femmes systémiques dans notre société. Or, comme l'affirment les associations féministes depuis de nombreuses années, l'État ne conduit pas une politique globale de lutte contre ces violences et n'y associe pas les moyens suffisants pour les éradiquer.
L'homme suspecté de l'avoir tuée était connu de la justice, car condamné en 2021 pour un viol commis en 2019.
Libéré depuis le mois de juin, il était également sous le coup d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). En effet, la loi prévoit qu’une personne en situation irrégulière et condamnée à au moins 5 ans d’emprisonnement, comme c’est le cas dans ce drame, soit renvoyée dans son pays.
Dans ce drame qui émeut tous les Français et les Françaises, les défaillances de l’Etat sont donc encore une fois, trop nombreuses, notamment le non-respect des obligations de pointage et d’assignation à résidence. Il révèle le manque de moyens dont dispose la justice pour remplir ses missions. Mais l'utilisation par l'extrême-droite de la décision d'OQTF pour faire le lien entre le crime et la nationalité de l'auteur est profondément xénophobe et empêche une analyse précise de l'ensemble des dysfonctionnements qui ont eu lieu.
Loin des raccourcis et de l’instrumentalisation politique d’un tel drame, les communistes appellent à un investissement massif en matière de lutte contre les violences faites aux femmes et pour la sécurité de toutes : hausse des moyens humains et financiers aux services de justice et de police, médico-sociaux et de réinsertion et pour les associations féministes qui estiment à 2,6 milliards d'euros les moyens nécessaires pour lutter contre ces violences.
Les communistes combattent toutes les politiques d’austérité que prepare le gouvernement en place et qui nuiraient à l’atteinte de ces objectifs. Et nous nous lèverons contre les instrumentalisations et dérives populistes autour d’un débat qui mérite une approche aussi déterminée que rationnelle.
Paris, le 26 septembre 2024,
Fabien Roussel,
Secrétaire national du PCF