Plus de trois mois après la dissolution, la session parlementaire s’ouvre dans une configuration politique inédite qui a donné une importance particulière à notre journée parlementaire de rentrée. Le 19 septembre dernier, nous nous sommes en effet réunis avec nos collègues sénateurs à l’Assemblée pour préparer la rentrée parlementaire.
Nous le savons, nous sommes attendus par tous les citoyennes et les citoyens qui se sont mobilisés au cours des élections législatives en faveur du barrage républicain. L’ampleur de cette mobilisation, que ni Emmanuel Macron ni les sondeurs n’avaient anticipée, a permis au Nouveau Front populaire de compter le plus grand nombre de députés dans l’hémicycle. Alors qu’il aurait dû nommer Lucie Castets au gouvernement, le Président de la République ne l’a pas fait. Et c’est dans l’irrespect le plus absolu des Françaises et des Français, qu’il a choisi de nommer un Premier ministre issu du parti Les Républicains.
Après tant de coups portés à la démocratie, tant d’entorses aux usages, tant de torsions des réalités, nous avons pris le temps de l’analyse de la situation, sans nous laisser dicter notre agenda par la pression médiatique. Nous ne tremblons pas face aux tentatives de déstabilisation d’où qu’elles viennent. C’est par le projet politique que nous pourrons transformer les choses en lien avec le mouvement social.
Lors d’un premier débat, au cours duquel une vingtaine d’élus se sont exprimés, nous avons analysé les conséquences des choix antidémocratiques opérés par Emmanuel Macron et déterminé la meilleure façon pour nos deux groupes d’y faire face.
Autre sujet d’importance mis à l’ordre du jour de cette journée : la crise institutionnelle en Nouvelle-Calédonie. La présence des deux parlementaires kanak désormais membres de nos groupes à l’Assemblée et au Sénat nous permet d’être particulièrement en pointe sur ce sujet essentiel. La crise déclenchée par le choix irresponsable d’imposer le dégel du corps électoral est toujours aussi aiguë, bien que cette actualité soit passée en arrière-plan des préoccupations médiatiques. Nos parlementaires ont insisté sur le coup inacceptable porté au processus de décolonisation qu’ils décrivent comme un symptôme de l’attitude coloniale du gouvernement.
Nous ne pouvions aborder cette rentrée sans nous arrêter également sur la baisse du pouvoir d’achat, l’avancée de la précarité et de la pauvreté. Nous avons choisi d’aborder ce thème sous l’angle éclairant de « l’insécurité sociale ». Le professeur Nicolas Duvoux, intervenant dans le cadre de ce débat, nous a permis d’élargir notre analyse de la crise sociale. Une crise qui amène des électeurs toujours plus nombreux à se tourner vers le Rassemblement national, alors même que ce parti démontre de façon constante par ses votes sa connivence avec la politique libérale menée par le gouvernement.
Enfin, nos travaux se sont achevés par un débat sur la crise institutionnelle et démocratique au cours duquel Benjamin Morel, professeur de droit public, nous a livré son analyse de la situation. Si les solutions à la crise démocratique sont d’ordre politique et ne peuvent être réduites à des questions d’ordre technique ou constitutionnel, la perspective, notamment comparative, dans laquelle s’est inscrit cet échange nous a permis d’approfondir notre analyse et, partant, d’échafauder des stratégies pour rendre toute leur place au Parlement et aux forces de gauche qui le composent.
André Chassaigne
Article Paru dans CommunisteS n°1011 - 25/09/2024