« Vous pouvez faire grève pendant 20 ans », avait annoncé la direction avec mépris. Pourtant, après 12 semaines de grève, c’est l’employeur qui a cédé.
Depuis le 24 février 2025, les salarié·es du nettoyage de Maintenance Industrie - prestataire des Finances Publiques - étaient en grève pour exiger des conditions de travail dignes. Au coeur des revendications, des emplois à temps plein et des compléments d'heures pour les salarié·es à temps partiels subis, l’accès à des formations qualifiantes, la reconnaissance des qualifications par des montées d’échelons et une prime de blanchissage pour l'entretien de vêtements de travail.
Invisibles, exploitées, méprisées… mais victorieuses.
Réveil à 4h du matin pour terminer le ménage avant l’arrivée des employés de bureau - comme s’il fallait les cacher - changements arbitraires des lieux de travail, horaires morcelés, absence de fiches de poste… Les salarié·es de Maintenance Industrie, en majorité des femmes, font état de conditions de travail d’un autre temps. Des conditions qui abîment la santé, précarisent et isolent.
Durant la grève, le traitement infligé par la direction aura été à l’image de ces pratiques : refus du dialogue social (la première réunion aura lieu plus de deux mois après le début de la grève), recours à la police pour expulser les grévistes, menaces de sanctions, dépôt de plainte à l’encontre d’un syndicaliste de la CGT Finances Publiques… Lors des négociations, les salarié·es en grève n’auront même pas eu accès à une salle de réunion : les discussions avec leurs représentants ont dû avoir lieu dans la rue, à même le trottoir.
Et pourtant, après 12 semaines de lutte, les grévistes ont obtenu l’essentiel de leurs revendications. La direction a cédé sur les temps complets et les compléments d’heures, les formations, la montée d’échelons et l’octroi de trois blouses (au lieu d’une seule jusque-là) à défaut d’une prime de blanchissage. Les grévistes obtiennent également une prime de remise en état et le retrait de toutes les menaces de sanctions.
Il s’agit d’une victoire nette. Une victoire du courage et de la dignité des travailleuses et des travailleurs face à la violence et au mépris de classe. Une victoire qui doit également résonner comme une alerte sur le recours croissant à la sous-traitance par les administrations et collectivités publiques.
« Sous-traitance = Maltraitance » : en finir avec l’externalisation des métiers essentiels !
La lutte des grévistes de Maintenance Industrie met en lumière une réalité trop souvent passée sous silence : la logique de moins-disant social qui gangrène les marchés publics. Par idéologie anti-étatique, par stratégie de déresponsabilisation sociale ou sous couvert de politiques austéritaires – alors même que la sous-traitance se révèle souvent plus coûteuse que l’internalisation – on en vient à sous-traiter tout et n’importe quoi, à n’importe qui, pourvu que cela semble coûter moins cher.
En conséquence, les mêmes situations se répètent : prestations « low cost », droit du travail piétiné, salaires de misère, temps partiels imposés, métiers invisibilisés - la plupart du temps occupés par des femmes et des personnes migrantes. Il est temps de mettre fin à ce système de délégation d’exploitation des travailleuses et des travailleurs.
La République ne peut être complice de la maltraitance de celles et ceux qui sont indispensables à son fonctionnement. Devant le caractère systémique des abus observés, le Parti Communiste Français appelle à l’internalisation des métiers du nettoyage - et de l’ensemble des métiers essentiels - au sein des administrations et collectivités publiques.
Pour que la victoire des grévistes de Maintenance Industrie devienne celle de toutes et tous les invisibles !
Parti communiste français,
Paris, le 6 mai 2025