Aragon, les adieux - Exposition du 14 décembre au 11 janvier

Publié le 14 décembre 2022

Hugo en 1883, Neruda dans les circonstances dramatiques de l’année 1973 … Il est quelques poètes, parmi les plus grands, dont la mort touche des millions de cœurs. Aragon, sans nul doute, fut de ceux-là.

Mort un 24 décembre 1982, il rassemble pour un dernier hommage une foule considérable dans laquelle le métallo côtoie la romancière, l’infirmière le député, la rive droite la rive gauche… Non sans quelque mesquinerie, l’Élysée – il est vrai, plus sensible à Chardonne qu’à nul autre auteur du siècle – a refusé les obsèques nationales. Qu’importe : Aragon est plus beau loin de la pétrification des statues, de l’ombre des Académies et des honneurs dorés. Qu’importe : le peuple de Paris est là, avec celui de la banlieue, ému et comme blotti dans le froid de ce 28 décembre. Place du Colonel-Fabien – puisque c’est le jeune bâtiment d’Oscar Niemeyer qui accueille les funérailles –, le cortège, imposant, défile devant le cercueil du poète que veille Jean Ristat. Sur le parvis, s’expriment tour à tour Pierre Mauroy, Georges Marchais, François Chaumette.

C’est ce moment rare de l’histoire de la littérature et de l’histoire nationale qui constitue l’un des deux axes de l’exposition « Aragon : les adieux » accueillie par le siège du Parti communiste français du 14 décembre au 11 janvier à l’occasion du 40e anniversaire de la disparition de l’écrivain. Entrer ainsi dans Aragon par la fin dit quelque chose de fort d’une trajectoire et d’une œuvre, de la relation nouée entre un auteur et notre peuple.

Grâce aux prodigieux fonds photographiques de l’Humanité (conservé aux Archives départementales de la Seine-Saint-Denis), aux ressources de Ciné-Archives et de la Maison Elsa-Triolet–Aragon, l’exposition fait dialoguer photographies, vidéo, documents d’archives et poèmes (signés Aragon, Jean Ristat et Olivier Barbarant).

L’hommage des artistes est ainsi présent dès cette section de l’exposition, prolongée par le film de François Reichenbach et Monique Lepeuve qui sera diffusé pour la première fois depuis plus de trente ans. Il constitue le cœur de la deuxième partie de l’exposition consacrée aux œuvres plastiques qui prirent, hier et aujourd’hui, Aragon pour sujet. Les photographes tiennent une place importante avec Doisneau, Cartier-Bresson, Izis, mais aussi Antoine Vitez et bien d’autres. Les peintres également, dans une grande diversité esthétique et chronologique, de Fromanger à Pignon-Ernest en passant par Kijno, Jouffroy, Parant, Hopare, C215 … Plusieurs œuvres, créées spécifiquement pour cet anniversaire, seront présentées pour la première fois au public par Pierre Buraglio et Gianni Burattoni.
Conjuguant passé et présent, mots et images, l’exposition se veut hommage à Aragon et, partant, invitation à le lire ou le relire pour « cet avenir qui était notre rêve et notre souci majeur à toi et à moi » (Elsa Triolet).

Guillaume Roubaud-Quashie
Membre du Comité exécutif national

Aragon : les adieux. Exposition conçue par la Maison Elsa Triolet-Aragon.

Espace Niemeyer, du 14 décembre 2022 au 11 janvier 2023.

Entrée libre tous les jours sauf le lundi, de 12 h à 19 h.

Fermeture exceptionnelle : week-ends de Noël et du jour de l’An.